Et maintenant, les grèves « illimitées » ou « reconductibles » à partir du 12 octobre, à la SNCF, la RATP, peut-être dans les transports routiers et les raffineries ! Si, comme les journées d'action précédentes, la mobilisation porte sur l'abolition de la réforme des retraites, elle tombe aussi sur un terreau de plus en plus fertile. Celui d'un « ras-le-bol » croissant avec les premiers symptômes aigus à Marseille et environs. Les dockers des terminaux pétroliers ne sont pas les seuls en grève, également le personnel des cantines scolaires, les caissières des supérettes...
Certes, nul ne peut présager de l'importance qu'aura le mouvement du 12 octobre. Mais une fois de plus, la France semble vouloir jouer sa partition préférée, celle qui mène au paroxysme par absence de vrai dialogue social, remplacé par des « ersatz » d'« écoute » ou d'« explications » sans chercher d'emblée le nécessaire compromis. Non, il faut d'abord que cela bouge, que des millions de Français soient pris en otages, que l'économie soit affaiblie, que le gouvernement affiche sa « ferme détermination »...
Ensuite vient l'acte II, celui d'une subtile alchimie où tous assurent qu'ils ne céderont pas en voulant dans leur for intérieur céder... sans ouvertement céder. Et si le blocage persiste, un ministre ou Premier ministre est invité à manger son chapeau pour que le locataire de l'Elysée reste à l'abri : parmi eux Alain Savary en juin 1984 (le débat sur l'école privée), Edouard Balladur (le CIP - contrat d'insertion professionnelle en mars 1994), Alain Juppé (la réforme des régimes spéciaux en décembre 1995) et Dominique de Villepin au printemps 2006 (le CPE - contrat première embauche).
Pourtant, dans leur grande majorité, les Français acceptent une nécessaire réforme des retraites en sachant que le seuil des 60 ans est déjà symbolique en raison de l'entrée de plus en plus tardive dans la vie active. Mais chaque règle doit avoir ses exceptions. Et le seuil « légal » reporté de 65 ans à 67 ans pour celles et ceux qui n'ont pas de cotisations complètes est en définitive marginal par rapport à la masse des pensions, même si cette disposition touche durement les personnes concernées. Pourquoi s'arc-bouter sur les 67 ans ? Pour suivre sur le papier d'autres Etats européens dans la course au libéralisme et au démantèlement social ?
La France ne peut vraiment pas se payer le luxe d'une grève « illimitée », et quelle que soit l'activité concernée. Encore fallait-il négocier avant. Et pas seulement compter en dernier recours sur une trentaine de sénateurs centristes, issus de ce « marais » si décrié à gauche et à droite, pour édulcorer une réforme votée au garde-à-vous et sous les oeillères par les députés UMP...
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