dimanche 3 octobre 2010
Les trois groupes au pouvoir
La droite domine grâce à sa puissance dans trois électorats: les milieux aisés, les retraités et les salariés blancs masculins de 28 à 58 ans; dans les groupes, donc, qui ont un revenu, et un statut, à défendre. Le bouclier fiscal, la défiscalisation des heures supplémentaires (pratique surtout masculine, car les femmes sont massivement à temps partiel et elles tiennent les maisons) et la stigmatisation des origines tiennent alors lieu de cap politique: nous sommes face à la stratégie de pouvoir d’un groupe installé, en position d’autodéfense face à la mondialisation de la production et aux risques d’exclusion.
Il y a un problème supplémentaire quand, comme aujourd’hui, le chômage touche les ouvriers blancs. Là, on doit accentuer le discours xénophobe pour récupérer par l’idéologie ce qui se perd par le chômage. Cette nouvelle droite désigne trois adversaires principaux: la jeunesse, les immigrés et les femmes. Les jeunes se retrouvent politiquement, souvent, soit à l’extrême droite comme partout en Europe, soit à l’extrême gauche, particularité plutôt française. Les immigrés votent plus facilement à gauche parce qu’ils s’y sentent plus respectés, mais portent-ils toujours des valeurs de gauche?
Les femmes sont désorientées car personne ne leur propose plus rien. Ségolène Royal leur a dit en 2007: "Votez pour moi, je suis une femme!" Ce n’était pas un programme. La réponse politique à cette situation n’est pas d’allier jeunes, femmes et immigrés. Elle est de faire un projet de société qui intègre une refonte profonde du marché du travail favorable aux jeunes, l’égalité réelle des genres et une acceptation joyeuse du modèle métissé français et européen qui est déjà le nôtre. La social-démocratie fut l’inventeur de la régulation capital-travail, celle-ci est devenue plus ou moins notre socle commun, même si la mondialisation la bouscule un peu. La question d’aujourd’hui est d’inventer en Europe une nouvelle régulation, celle des générations, des genres et des origines. Pour l’instant, on n’en voit pas la perspective.
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