mardi 5 octobre 2010
La retraite pour les nuls
faites le test autour de vous. Posez la question suivante à vos proches et à vos collègues de travail : « La retraite à taux plein, à 65 ans aujourd'hui et 67 ans demain, est au coeur du débat politique. Mais qu'est-ce que cela veut dire précisément ? Quel est le montant exact de la décote par trimestre de cotisation manquant ? » Le plus probable est qu'un silence gêné vous répondra ou que votre interlocuteur fera fausse route en imaginant qu'à ces âges tous les compteurs se remettent à zéro quelle que soit la durée d'assurance. Vous lui expliquerez alors que ces bornes, dont peu de monde connaissait l'existence jusqu'à maintenant, suppriment seulement la décote (1,25 % par trimestre pour les personnes nées après 1952) mais ne permettent naturellement pas de récupérer ses trimestres.
Le problème est que ce qui est pardonnable chez tout un chacun l'est moins chez les responsables publics. Or, posée aux hommes et femmes politiques mais aussi aux syndicats, la question évoquée plus haut n'attire pas nécessairement une réponse exacte à 100 %. Et ce manque d'assurance peut se reproduire sur bien d'autres sujets : comment fonctionne vraiment le modèle allemand invoqué tant par le gouvernement que par ses opposants (pour la grande majorité des salariés, l'âge de départ minimal est de 63 ans et une décote s'applique jusqu'à 65) ? A quel âge pourra partir un policier en service actif au terme de la réforme (52 ans), ? Quel est le niveau de la bonification pour enfants (10 % pour trois enfants et plus) ? Quel est le profil des femmes qui liquident leur pension à 65 ans (elles ont pour la plupart arrêté de travailler depuis plus de vingt ans) ? Etc. Les discours publics et privés laissent parfois - pas toujours heureusement ! -pantois.
La mauvaise foi n'étant pas la seule cause des raccourcis et des simplifications, deux autres éléments sautent aux yeux. La complexité du système français est telle qu'il faut en être un véritable spécialiste pour s'y retrouver. Cela vaut pour les futurs retraités mais aussi pour les acteurs politiques et sociaux. Le second est que nous vivons dans une société de la défiance, où la parole publique et l'expertise sont suspectes, et la parole complexe presque interdite. Ce n'est pas le plus rassurant.
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