vendredi 24 septembre 2010
Lendemains
Moins de grévistes, autant de manifestants que le 7 septembre. Tel était, semble-t-il, l’« élément de langage » (c’est-à-dire l’argumentation commune à développer et à répéter au fil des déclarations et interviews) qui courait les états-majors syndicaux dès la mi-temps de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Un succès, donc, expliqueront-ils, car le coût d’une grève pèse lourd sur la feuille de paie d’un salarié, et faire aussi bien que la dernière fois était déjà un beau pari, même si certains avaient avancé des pronostics plus ambitieux. De toute façon, la vérité des chiffres, une fois de plus, sera impossible à établir. Les observateurs et l’opinion devront arbitrer entre les estimations faites par la police et celles des organisateurs, couperont la « poire en deux » et commenteront plutôt les variations que les chiffres absolus. Ce succès revendiqué n’est pas une fin en soi ; les syndicats devront en tirer des leçons. Déjà, certains envisageaient des manifestations un dimanche pour rejoindre davantage de salariés. Tout en misant sur d’autres modes de contestation et des actions de lobbying auprès des parlementaires, pour amender le projet – adopté par les députés et qui doit être désormais examiné par les sénateurs à partir du 5 octobre. Mais ils ont à s’interroger sur la possible lassitude d’une partie de leurs troupes, sur l’effet négatif d’un déclin de la mobilisation. Il leur faut aussi évaluer l’adhésion réelle de l’ensemble des Français : la nécessité de la réforme est-elle admise par une majorité d’entre eux, convaincus du risque qu’il y aurait à ne pas réformer, même s’ils comptent sur l’action syndicale et politique pour modifier le texte dans un sens plus protecteur pour les salariés ? Ou bien y sont-ils largement hostiles, protestant « par procuration » au travers du ou des millions de manifestants ? En fonction de cette analyse – et au-delà des postures affichées en ces circonstances –, certaines organisations préféreront l’efficacité pragmatique : les changements obtenus prouvent que leur action n’aura pas été vaine. Mais d’autres, parce que leur but ne se limite pas au dossier des retraites, pousseront à radicaliser l’action. Et l’unité syndicale, si difficilement acquise, aura vite fait de se craqueler.
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