La crise ne serait-elle déjà plus qu'un lointain souvenir ? La publication en rafale des résultats des entreprises du CAC 40 a ainsi été bien plus l'occasion de bonnes que de mauvaises surprises. On craignait que nos sociétés soient encore engluées dans la récession, on découvre que les chiffres d'affaires progressent plus rapidement que prévu et que les bénéfices bondissent dans des proportions surprenantes. Dans les comptes, la reprise est déjà là. Et ce, dans de nombreux secteurs : dans le luxe et l'automobile comme dans la banque, trois secteurs pourtant particulièrement frappés par l'explosion de la bulle financière.
Certes, cette amélioration des performances tient d'abord de l'effet d'optique. Les résultats avaient tellement plongé entre 2008 et 2009 qu'une simple amélioration en 2010 peut donner lieu en pourcentage à un impressionnant rebond. Ainsi, même si elles vont nettement mieux, rares sont encore les entreprises à avoir renoué avec des marges ou des volumes d'affaires équivalant à ceux d'avant l'été 2008. Mais l'amélioration n'en reste pas moins réelle car, au-delà de cet effet de base, l'industrie comme les services, qui ont considérablement réduit leurs coûts pendant la crise, bénéficient d'un redémarrage global qui dope les recettes sans guère peser sur des frais de fonctionnement encore largement sous contrôle.
Beaucoup plus tournés vers l'international que les PME, les géants du CAC 40 profitent également de 2 facteurs spécifiques. Primo, la locomotive que représentent les pays émergents a redémarré plus tôt et plus fortement que notre économie domestique. En Chine ou au Brésil, la consommation et les commandes publiques, qui avaient à peine flanché, sont reparties plus que nettement. Secundo, après avoir pénalisé les Européens, les variations des taux de change jouent en leur faveur. La baisse de l'euro stimule les exportations et gonfle les bénéfices.
S'ils ne redoutent plus le pire, les grands groupes n'attendent cependant pas encore forcément le meilleur. Le pire de la crise est sans doute dernière nous, la perspective d'un « double dip » ou d'une conjoncture en forme de W reste bien sûr envisageable, mais c'est plus la perspective d'une trop longue phase de croissance molle dans les pays développés qu'une rechute brutale que redoutent les patrons. Notre économie n'est peut-être plus malade mais est-elle guérie pour autant ? Les inquiétudes sur le front des finances publiques, sur l'évolution de la fiscalité et de la consommation sont autant d'inconnues qui réduisent d'autant la visibilité de managers qui dans le doute continueront à faire preuve de prudence. Et, malheureusement, tant que ces incertitudes ne seront pas levées, ce sont bien l'emploi et les investissements domestiques qui resteront pénalisés. Le premier acte de la reprise est en train de s'achever. L'acte II n'est pas joué.
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