C'est presque officiel : Sanofi-Aventis est candidat au rachat du laboratoire pharmaceutique américain Genzyme, spécialisé dans les maladies rares. Si elle réussit, ce qui est loin d'être acquis, l'opération représentera un investissement de plus de 14 milliards d'euros pour le groupe français. Ce sera, et de loin, la plus grosse acquisition réalisée par son directeur général, Chris Viehbacher, depuis son arrivée à la tête de son entreprise. Mais, si elle peut paraître élevée, en ces temps de convalescence économique, la transaction est loin d'être spectaculaire.
Car le secteur pharmaceutique est l'un des rares à avoir échappé au marasme ambiant en matière de fusions-acquisitions. Mieux, trois des 25 premiers mariages de la décennie ont été annoncés durant l'année 2009, selon les chiffres du cabinet DealSearchOnline, dont, par exemple, l'achat de Wyeth par Pfizer pour 68 milliards de dollars. Cet insatiable appétit, que même la pire crise économique des quatre-vingts dernières années n'a pas suffi à contrarier, est le signe du profond changement à l'oeuvre dans une industrie aujourd'hui obligée de se réinventer. Assaillis par les nouvelles contraintes - citons pêle-mêle la concurrence des génériques, le durcissement réglementaire, pour la mise sur le marché de nouvelles molécules, la baisse du prix des médicaments ou encore les nouveaux défis de la santé liés au vieillissement de la population -, les grands laboratoires n'ont d'autre choix que d'adapter leur modèle économique. Leur stratégie est désormais de réduire leur dépendance à quelques molécules phares, les fameux blockbusters, dont le coût de développement est devenu intenable face à la montée en puissance des génériques qui les concurrencent.
C'est ce qui a conduit Chris Vieh-bacher à revoir de fond en comble le portefeuille de recherche de Sanofi-Aventis, convaincu que les seules ressources internes ne suffisaient plus à nourrir l'offre nécessaire de nouvelles molécules. Comme bon nombre de ses concurrents, il fait désormais le pari d'une croissance externe ciblée, où les biotechnologies et le traitement des maladies rares, plus « rentables » car plus chères, figurent parmi les priorités. C'est très exactement le profil de Genzyme. S'il obtient gain de cause, le fait de racheter 100 % de l'entreprise sera, pour le directeur général de Sanofi, une façon de faire taire les critiques qui, au sein même de sa maison, l'accusent de vouloir externaliser la recherche du groupe. Il reste à convaincre ses actionnaires de payer le juste prix.
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