Comment qualifier la politique budgétaire de la France ? Le contribuable dira volontiers qu’on lui “serre la vis”. Nul besoin d’être garagiste pour comprendre la métaphore… Mais l’Etat ne cause pas ainsi.
Depuis des mois, les ministres s’appliquent à contourner l’obstacle par de fumeuses circonlocutions. Périphrases prudentes et litotes rusées… L’un parle de “rationalisation des comptes”. L’autre évoque la nécessité de renouer “avec la réalité des chiffres.”
Christine Lagarde invente même le concept de “ri-lance”. Néologisme bancal, qui voudrait combiner les mérites du Père Fouettard et du Père Noël…
Hier, brisant l’hypocrisie, François Fillon a lâché le mot interdit : “rigueur”. Soit, selon le dictionnaire, un synonyme de “sévérité” mais aussi “d’exactitude”. Voici un substantif, somme toute, très honorable. Nicolas Sarkozy le récuse, pourtant, en y décelant “une connotation péjorative.” Il en déconseille l’emploi, sans rien demander à l’Académie française.
Le chef du gouvernement a donc violé un tabou linguistique. Il l’a fait à Tokyo, devant un parterre d’investisseurs étrangers.
On mesure, ici, la vertu des voyages exotiques et lointains. Ils permettent, par un étrange paradoxe, de mieux voir ce qui se passe chez soi.
Gilles Debernardy
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