On n'écrit pas son nom sans hésitation, ni sans trouble, tant il évoque la trahison d'une charge publique et au delà le pourrissement de l'État. Corruption. Ce n'est pas un mot anodin qu'on peut lâcher sans précaution et asséner sans preuve formelle. Ségolène Royal - une avocate sensée connaître le sens des termes juridiques ! - ne s'en est pas privé, pourtant, avec une irresponsabilité d'autant plus coupable qu'elle détourne délibérément un sentiment flou de l'opinion. 64 % des Français n'ont pas eu besoin d'elle, certes, pour considérer que « les dirigeants politiques sont plutôt corrompus ». Un score effrayant qui approche le record (65 %) atteint sous le second septennat Mitterrand quand le pouvoir socialiste, empêtré dans des histoires à tiroirs, était assimilé au « gang des R25 ». On connaît la suite : un populisme sans frein qui a permis au Front National d'atteindre des scores historiques. En pleine crise, la multiplication des affaires qui éclaboussent le gouvernement Sarkozy fait remonter à la surface le même terreau nauséabond du « Tous pourris ». Une impression fausse et injuste. Il faut le dire clairement : ni ce gouvernement, ni l'État ne sont corrompus, ni achetés ! Il faut le réaffirmer sans faiblesse : l'immense majorité du personnel politique est honnête et rien ne permet de mettre en cause la probité des ministres. Ils respectent la loi, et quand ils ne le font pas, comme Brice Hortefeux, ils sont condamnés sans faiblesse. Les décisions ne sont pas achetées et nous vivons toujours dans un État de droit. Nous sommes loin, en revanche, de la « République irréprochable » claironnée à l'Élysée. L'intégrité morale de l'équipe au pouvoir a été trop souvent vacillante. D'autant plus discutable qu'elle s'abrite derrière le paravent de la légalité. Pour un pays à qui l'on demande des efforts, cette vertu minimum est nettement insuffisante, en effet. La « naïveté », la « légèreté » et la « maladresse », invoquées ici ou là ne sont pas - ne sont plus - des excuses valables. Dans une France où la morale n'a jamais été une valeur suprême en politique, l'exigence à l'égard des élites est montée de plusieurs crans. Les Français veulent que leurs dirigeants soient non seulement propres mais fassent preuve d'une abnégation totale. Dès lors, les liaisons dangereuses entre le pouvoir et l'argent sont jugées insupportables. La simple proximité entre ces deux mondes choque quand Nicolas Sarkozy, précisément, se promettait de faire tomber le tabou qui les maintenait à distance. Aujourd'hui comment s'étonner que cette promiscuité affichée sans complexe au Fouquet's ou à Chantilly éveille les soupçons ? Quand l'impuissance des politiques contraste si fortement avec leur agilité à se soustraire au quotidien difficile du commun des mortels, elle dépasse tout à coup le seuil du tolérable. Nous y sommes.
mardi 6 juillet 2010
Corruption ? Non. Liaisons dangereuses ? Oui.
On n'écrit pas son nom sans hésitation, ni sans trouble, tant il évoque la trahison d'une charge publique et au delà le pourrissement de l'État. Corruption. Ce n'est pas un mot anodin qu'on peut lâcher sans précaution et asséner sans preuve formelle. Ségolène Royal - une avocate sensée connaître le sens des termes juridiques ! - ne s'en est pas privé, pourtant, avec une irresponsabilité d'autant plus coupable qu'elle détourne délibérément un sentiment flou de l'opinion. 64 % des Français n'ont pas eu besoin d'elle, certes, pour considérer que « les dirigeants politiques sont plutôt corrompus ». Un score effrayant qui approche le record (65 %) atteint sous le second septennat Mitterrand quand le pouvoir socialiste, empêtré dans des histoires à tiroirs, était assimilé au « gang des R25 ». On connaît la suite : un populisme sans frein qui a permis au Front National d'atteindre des scores historiques. En pleine crise, la multiplication des affaires qui éclaboussent le gouvernement Sarkozy fait remonter à la surface le même terreau nauséabond du « Tous pourris ». Une impression fausse et injuste. Il faut le dire clairement : ni ce gouvernement, ni l'État ne sont corrompus, ni achetés ! Il faut le réaffirmer sans faiblesse : l'immense majorité du personnel politique est honnête et rien ne permet de mettre en cause la probité des ministres. Ils respectent la loi, et quand ils ne le font pas, comme Brice Hortefeux, ils sont condamnés sans faiblesse. Les décisions ne sont pas achetées et nous vivons toujours dans un État de droit. Nous sommes loin, en revanche, de la « République irréprochable » claironnée à l'Élysée. L'intégrité morale de l'équipe au pouvoir a été trop souvent vacillante. D'autant plus discutable qu'elle s'abrite derrière le paravent de la légalité. Pour un pays à qui l'on demande des efforts, cette vertu minimum est nettement insuffisante, en effet. La « naïveté », la « légèreté » et la « maladresse », invoquées ici ou là ne sont pas - ne sont plus - des excuses valables. Dans une France où la morale n'a jamais été une valeur suprême en politique, l'exigence à l'égard des élites est montée de plusieurs crans. Les Français veulent que leurs dirigeants soient non seulement propres mais fassent preuve d'une abnégation totale. Dès lors, les liaisons dangereuses entre le pouvoir et l'argent sont jugées insupportables. La simple proximité entre ces deux mondes choque quand Nicolas Sarkozy, précisément, se promettait de faire tomber le tabou qui les maintenait à distance. Aujourd'hui comment s'étonner que cette promiscuité affichée sans complexe au Fouquet's ou à Chantilly éveille les soupçons ? Quand l'impuissance des politiques contraste si fortement avec leur agilité à se soustraire au quotidien difficile du commun des mortels, elle dépasse tout à coup le seuil du tolérable. Nous y sommes.
On n'écrit pas son nom sans hésitation, ni sans trouble, tant il évoque la trahison d'une charge publique et au delà le pourrissement de l'État. Corruption. Ce n'est pas un mot anodin qu'on peut lâcher sans précaution et asséner sans preuve formelle. Ségolène Royal - une avocate sensée connaître le sens des termes juridiques ! - ne s'en est pas privé, pourtant, avec une irresponsabilité d'autant plus coupable qu'elle détourne délibérément un sentiment flou de l'opinion. 64 % des Français n'ont pas eu besoin d'elle, certes, pour considérer que « les dirigeants politiques sont plutôt corrompus ». Un score effrayant qui approche le record (65 %) atteint sous le second septennat Mitterrand quand le pouvoir socialiste, empêtré dans des histoires à tiroirs, était assimilé au « gang des R25 ». On connaît la suite : un populisme sans frein qui a permis au Front National d'atteindre des scores historiques. En pleine crise, la multiplication des affaires qui éclaboussent le gouvernement Sarkozy fait remonter à la surface le même terreau nauséabond du « Tous pourris ». Une impression fausse et injuste. Il faut le dire clairement : ni ce gouvernement, ni l'État ne sont corrompus, ni achetés ! Il faut le réaffirmer sans faiblesse : l'immense majorité du personnel politique est honnête et rien ne permet de mettre en cause la probité des ministres. Ils respectent la loi, et quand ils ne le font pas, comme Brice Hortefeux, ils sont condamnés sans faiblesse. Les décisions ne sont pas achetées et nous vivons toujours dans un État de droit. Nous sommes loin, en revanche, de la « République irréprochable » claironnée à l'Élysée. L'intégrité morale de l'équipe au pouvoir a été trop souvent vacillante. D'autant plus discutable qu'elle s'abrite derrière le paravent de la légalité. Pour un pays à qui l'on demande des efforts, cette vertu minimum est nettement insuffisante, en effet. La « naïveté », la « légèreté » et la « maladresse », invoquées ici ou là ne sont pas - ne sont plus - des excuses valables. Dans une France où la morale n'a jamais été une valeur suprême en politique, l'exigence à l'égard des élites est montée de plusieurs crans. Les Français veulent que leurs dirigeants soient non seulement propres mais fassent preuve d'une abnégation totale. Dès lors, les liaisons dangereuses entre le pouvoir et l'argent sont jugées insupportables. La simple proximité entre ces deux mondes choque quand Nicolas Sarkozy, précisément, se promettait de faire tomber le tabou qui les maintenait à distance. Aujourd'hui comment s'étonner que cette promiscuité affichée sans complexe au Fouquet's ou à Chantilly éveille les soupçons ? Quand l'impuissance des politiques contraste si fortement avec leur agilité à se soustraire au quotidien difficile du commun des mortels, elle dépasse tout à coup le seuil du tolérable. Nous y sommes.
Olivier Picard
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