Les tweets (gazouillis) du site Twitter font chanter les hommes politiques. Indiscrétions et révélations, tout ce qui se passe en politique passe aujourd'hui en exclusivité sur la toile. En défenseur du droit au huis-clos, l'Assemblée nationale voudrait bien l'interdire à ses députés
Les politiques sont vieillots ? Bien au contraire. Ils ont tous déjà (ou presque) leur site attitré (avec des résultats plus ou moins réussis, n'est-ce pas Ségolène ?), leur page Facebook et surtout leur principal outil de communication : leur compte Twitter.
Les députés aiment tweeter
A force de vouloir tout tweeter, les hommes politiques s'attirent les foudres des vieilles institutions pré-cybernétiques, l'Assemblée nationale la première. Le président de l'Hémicycle, Bernard Accoyer, aimerait bien empêcher ses députés de tweeter à tout-va. La raison de ce discrédit ? Le non-respect du huis-clos par certains parlementaires, notamment Lionel Tardy (UMP) qui avait retranscrit mercredi dernier sur Twitter l'audition de Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes. Quelques heures plus tard, on peut lire sur le compte Twitter de son homologue mayennais, Yannick Favennec, alors en pleine réunion avec Nicolas Sarkozy : "Le Président annonce la réorganisation du Gouvernement pour octobre et tirera sévèrement les conséquences du comportement de ministres". Toute droite sortie de la bouche du président, l'information avait déjà fait le tour de la toile.
Déontologie ou hypocrisie ?
"Les nouvelles technologies sont là, il faut s'en féliciter, elles font circuler l'information de manière de plus en plus rapide. Mais elles ne peuvent remettre en cause le respect du huis-clos lorsque l'Assemblée ou une commission décide de siéger à huis-clos", a précisé Bernard Accoyer à l'Association des journalistes parlementaires. Le président de l'Assemblée a décidé de mettre l'interdiction de Twitter lors des auditions et commissions à huit clos à l'ordre du jour du Bureau, l'instance qui gère le fonctionnement de l'institution parlementaire. Le député Lionel Tardy ne comprend pas tout le tohu-bohu autour de ses tweets et dénonce l'hypocrisie ambiante. "Cela m'amuse un peu, car nombre de personnes ont transgressé le huis clos, mais ils l'ont fait à l'ancienne, en envoyant des SMS sous couvert d'anonymat aux journalistes, en sortant de la salle avant même la fin de l'audition pour s'épancher auprès des journalistes ... à commencer par le président du groupe UMP lui-même... ou en expliquant en détail le contenu de l'audition, dès la fin des débats.", peut-on lire sur le blog du député accro au net.
Scoop et couverture médiatique assurés
Twitter dérange probablement certains politiques qui aimeraient que leurs petits secrets soient bien gardés, tout au moins avant leur point presse officiel. Mais à l'heure de Youtube et de Twitter, les indiscrétions n'existent plus et les sources "proches du dossier" affichent maintenant leur identité. Et pour cause : les réseaux sociaux comme Twitter sont de formidables outils de communication pour les petits noms de la politique française et ce ne sont pas les députés Tardy et Favennec qui le nieront. Encore inconnus la semaine passée, leurs noms ont été largement repris par les médias nationaux suite à leurs tweets. Les journalistes ne sont pourtant pas si heureux qu'il n'y paraît. Pour Jean-Michel Apathie, tweeter équivaut à détruire le "journalisme à l'ancienne", celui d'"Huggy les bons réseaux". N'en déplaise à certains, la folie Twitter s'est déjà emparée du monde politique. A quand une campagne électorale à coup de tweets aussi suivie que les réparties des débats télévisés ? Au Japon, deuxième utilisateur du site après les Etats-Unis, les autorités ont décidé de prendre des mesures pour endiguer le phénomène : les sénateurs ont été privés de Twitter durant toute la durée de leur campagne.
Damien Bouhours
mardi 6 juillet 2010
Mon p'tit oiseau m'a dit…
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