Encore un sommet international, et même deux, à grands frais pour rien ? Le G20 de Toronto, réuni dans la foulée du G8, ne va pas aboutir à un résultat concret. Et certainement pas à cette grande moralisation financière prônée par Nicolas Sarkozy au plus fort des crises de 2007-2008. D'ailleurs, d'éventuelles décisions ne devraient être prises qu'à Séoul en novembre, voire plus tard. Pourtant, quelque chose bouge sur la planète Finances. Les nouvelles réglementations de Wall Street arrachées par Barack Obama, la discussion autour des capitaux propres des banques (les accords Bâle II et Bâle III), la dissémination des risques, la transparence de certains fonds ou encore le débat sur la surveillance des agences de notations sont des indices à ne pas négliger. Ils montrent que sur un plan « technique », le monde veut se doter de nouveaux outils pour éviter un autre « crash », façon 2008. Mais exclusivement sur un plan « technique », sans ambitions politiques, sans visions macro-économiques ! Seuls sont prévus des « instruments » pour resserrer les boulons grippés et changer l'une ou l'autre courroie. Rien de révolutionnaire, rien qui bouleverserait l'ordre (ou le désordre) de la finance internationale largement responsable de la situation économique ! Parce que les gouvernants des « Huit » ou des « Vingt » défendent des intérêts opposés. Sous l'impulsion d'Angela Merkel et de David Cameron, l'Europe obnubilée par la réduction des déficits s'est convertie avec la foi du néophyte à la rigueur... qui entraînera bientôt la France. Les Etats-Unis prônent toujours une certaine relance par la consommation et appréhendent une déflation en Europe : elle réduirait leurs exportations vers le vieux continent, voire ailleurs, et pourrait gonfler leurs importations dopées par un euro bas. Et faute de débouchés européens, la Chine ne va-t-elle pas déverser toute sa manufacture sur le marché américain ? Il est vrai que Pékin, avec sa croissance de 9&, est gagnant sur tous les tableaux, qu'il y ait polémique sur le cours du yuan ou non. Enfin, les Américains ne comprennent pas l'Europe, certes comme eux noyée dans les déficits publics mais si riche en épargne privée. Selon eux, de l'argent qui dort... et la demande, donc l'activité, avec lui. A ces différends idéologiques s'ajoutent les réticences du Canada et des « émergents » du G20 sur une généralisation de la taxe bancaire ou sur une « taxe Tobin ». Pourquoi eux, dont les banques ont été « sages », paieraient-ils pour la cupidité des établissements américains et européens ? Attendre, hormis quelques outils, de vraies « solutions mondiales » à la crise (pourtant mondiale) est aussi illusoire qu'espérer le règlement des conflits armés par l'ONU. Les blocs économiques sont en concurrence, donc à chacun de se défendre...
Jean-Claude Kiefer
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