L’actualité fait grise mine. Même si l’Europe semble s’être donné les moyens de calmer la folie des marchés financiers, en s’accordant sur les remèdes de cheval à administrer, chacun mesure que la bataille sera longue encore et que les conséquences pour les peuples seront douloureuses. Le sommet social réuni en France entre le gouvernement et les représentants des syndicats en témoigne, qui met l’accent sur le chômage, la montée de la précarité, l’inquiétude des salariés et des retraités. Nos voisins britanniques et allemands en voient déjà la traduction : piloter aujourd’hui un pays ou une région expose à la sanction électorale. Jusqu’au volcan islandais cracheur de cendres et à la météo d’humeur sinistre, qui rajoutent à la maussaderie !
Un événement, pourtant, éclaire ce tableau cafardeux. Demain, la ville de Metz inaugure son Centre Pompidou, frère cadet du Centre parisien. Non pas pour faire diversion (ou « divertissement ») et détourner le chaland de ses graves préoccupations. Mais, au contraire, pour défier ce contexte sinistre, car le projet ne tourne pas le dos au réel et s’inscrit dans la pleine réalité économique et sociale de notre pays. Voilà une région que les mutations industrielles ont considérablement bousculée, où le taux de chômage est élevé. Presque comme un pied de nez, Metz fait le pari de la culture, en créant ce musée qui doit séduire à la fois par son architecture et par ses collections (pas des plus classiques, puisqu’il s’agit d’art moderne, même si dans sa campagne de publicité, elle insiste sur les valeurs sûres que sont Picasso, Dali ou Warhol) : il s’agit de redynamiser la ville et de rassembler ses habitants autour d’un projet dont ils peuvent être fiers, et surtout d’attirer de nombreux visiteurs, français et étrangers, pour les amener à s’attarder en Moselle.
Le pari est audacieux, certes. Mais, comme les multiples festivals de l’été, « La Folle Journée » de Nantes, les Journées du patrimoine, comme les grandes expositions ou l’invitation à se rendre « Tous à l’opéra », les événements culturels déplacent les spectateurs. Quand les temps sont durs, l’art reste décidément une valeur refuge. Parole de non-boursicoteuse.
Dominique Quinio
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