Les critiques au sein de la majorité présidentielle se font entendre après le résultat des élections régionales.
Le procès de l'«ouverture» a commencé à l'UMP. Jamais digérée, elle est la première visée dans le processus de remise en cause du dogme de l'infaillibilité sarkozyste qui s'amorce à droite. «Ça nous a fait un mal terrible, assure le député parisien Claude Goasguen, de sensibilité libérale. Quand nos électeurs entendent dire que Nicolas Sarkozy veut nommer Malek Boutih à la tête de la Halde, ils se demandent où est la rupture avec Jacques Chirac, qui y avait nommé Louis Schweitzer, un autre socialiste !» Dans le même registre, les souverainistes Jacques Myard et Lionnel Luca stigmatisent un «strabisme présidentiel de gauche» qui, selon eux, ne se limite pas aux nominations. Ils sont rejoints sur ce point par la présidente du Parti démocrate-chrétien Christine Boutin et par Rachida Dati, qui a estimé : «Il faut qu'on reprenne nos fondamentaux.»
La taxe carbone arrive en tête des réformes stigmatisées comme des «concessions inutiles aux autres», en l'occurrence à l'électorat écologiste. Gilles Carrez et Pierre Méhaignerie, spécialistes de la fiscalité du groupe UMP à l'Assemblée, estiment qu'il «n'y a pas de majorité pour la voter». Sarkozy avait déjà soumis à un examen préalable sa mise en application aux agriculteurs. Vu le climat, c'est toute la réforme qui pourrait être reportée à des jours meilleurs.
Le sénateur Philippe Dallier pointe, lui aussi, des problèmes de cohérence et de «lisibilité» de l'action de l'exécutif, mais sur le plan économique : «Entre le Sarkozy libéral à ses premières heures, et le Sarkozy très interventionniste après la crise, ça peut perturber notre électorat.»
Un «style» qui continue d'alimenter la grogne
Les hésitations gouvernementales sur la burqa ou le débat sur l'identité nationale sont aussi dénoncées comme autant d'erreurs. Sur son blog, Alain Juppé écrit qu'«une réflexion s'impose désormais sur le rythme des réformes, la méthode selon laquelle elles sont lancées et préparées, la concertation qui les accompagne, la façon dont elles peuvent être mieux comprises et acceptées par une opinion que la crise déboussole.»
Le «style» de Nicolas Sarkozy continue également d'alimenter la grogne. Pour le député de l'Hérault Jacques Domergue, il est «en décalage avec l'opinion». «Le chef de l'État a créé des doutes sur sa personne», explique ce - ancien ? - sarkozyste inconditionnel, en assurant que l'affaire de la nomination de Jean Sarkozy à l'Epad «reste très incrustée dans l'esprit des gens». «Nos électeurs attendent une politique mais ils attendent aussi un comportement», ajoute-t-il.
Dans cette explosion de critiques, un point fait l'unanimité : l'Élysée a tort de nier tout «vote sanction». «Il ne faut pas se raconter d'histoire, c'est un très mauvais résultat pour nous, s'agace le député de la Somme Alain Gest. Nous avons perdu la confiance de l'électorat populaire qui s'était rapproché de Nicolas Sarkozy en 2007 et des classes moyennes, qui ne voient toujours pas venir le résultat des réformes.» Remarquant que chez lui, à Amiens, «l'abstention est plus forte dans les quartiers populaires que dans ceux qui sont favorables à la majorité», Gest va jusqu'à avancer l'hypothèse qu'une «plus forte mobilisation pourrait pénaliser encore davantage» la droite. «Dans tous les cas, estime Goasguen, dédramatiser le résultat du scrutin en annonçant à l'avance qu'il ne changera rien ne contribue pas à donner à nos sympathisants l'envie de se déplacer. Si Nicolas Sarkozy s'en fiche, pourquoi se donneraient-ils cette peine ?»
Sur le plan purement stratégique, les esprits s'échauffent aussi contre le choix des listes uniques. «Dans une région comme la Picardie, où le vote FN est traditionnellement fort, une tête de liste centriste n'est pas la meilleure solution», estime Alain Gest, pour qui «se priver d'une liste autonome des chasseurs au premier tour est également une erreur». «On a eu tort de nier les différences au sein de la droite, ajoute la députée villepiniste Marie-Anne Montchamp. 2010 n'est plus 2007. Quand l'électorat ne se reconnaît plus dans la politique du gouvernement, les listes uniques le privent de solution. Il se tourne vers les extrêmes ou il se réfugie dans l'abstention.»
La question sera au menu du comité de la majorité, qui se réunit ce matin. Pas dans ses locaux du boulevard Saint-Germain, mais au siège de l'UMP, où tout se décide.
mardi 16 mars 2010
Les élus UMP s'interrogent sur la ligne politique
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1 commentaires:
Scrutin Sarkozy Midterm: plus Flop, je meurs ? ( Petit Sondage: http://www.pnyx.com/fr_fr/poll/575 )
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