lundi 7 avril 2014
La com’ et le réel
La com’ et le réel
Je me réfère souvent à ce fameux sondage CEVIPOF de janvier 2014, selon lequel, pour 88% des Français, les politiques "ne tiennent pas compte de ce que pensent les gens comme eux". Les dirigeants politiques en général (mon propos ne concerne pas le seul gouvernement actuel et il inclut les partis supposés "anti-systèmes") et "les gens" ou citoyens lambda, vivent dans deux mondes séparés. Il suffit parfois d’observer à la télévision leurs visages dominateurs au sourire arrogant pour sentir le décalage. Tu crois inspirer attirance, prestige et respect, avec ta belle bagnole, ton sourire forcé et tes petits saluts devant les caméras? Tu ne suscites qu’une vague indifférence teintée d’ironie. L’homme ou la femme politique national, médiatisé, vit pour l’essentiel dans un monde virtuel dominé par la recherche du bon mot ou de la formule emblématique qui fait mouche "pacte", "gouvernement de combat", "euro-mondialiste", pour ne reprendre que les dernières expression entendues ici et là. Il adore les polémiques violentes – d’où l’agressivité de la vie publique – qui donnent une fausse impression de mouvement ou de dynamique. Cette fuite dans la communication et déconnexion du réel, tournée vers la politique pure – la conquête et la préservation de rentes de situation – s’effectue au détriment de l’action et de la décision, de l’intérêt public. Gouverner, c’est frimer. Elle se heurte à deux obstacles majeurs. Dans une situation de crise de société dramatique, avec le chômage de masse et les difficulté de la vie quotidienne, elle devient insupportable aux citoyens lambda qui souffrent dans leur chair. En outre, cette dérive dans la communication repose sur la croyance répandue dans les élites politiques d’avoir affaire à des individus crédules et aisément manipulables. Erreur fondamentale: sans verser dans les clichés sur le bon sens populaire infaillible, il existe une intuition profonde des gens qui sentent quand on se fout d’eux. Et cela, les politiques nationaux, médiatisés (je ne parle pas des élus de terrain bien sûr) sont absolument incapables de le percevoir.
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