mercredi 24 septembre 2014
L’indignation des pompiers pyromanes
L’indignation des pompiers pyromanes
Manuel Valls et Stéphane Le Foll ont eu beau jeu de condamner samedi « avec la plus grande fermeté » les incendies du centre des impôts et de la Mutualité Sociale Agricole de Morlaix, provoqués la veille par une centaine de légumiers en colère. Car, par sa soumission à l’Union européenne, sa politique de matraquage fiscal et son refus systématique de prendre en considération les problèmes de la France qui travaille, ce gouvernement est le premier responsable de ces actes désespérés.
« Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu’ils ont fait », applaudissait Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère et proche des Bonnets rouges, au lendemain des manifestations d’agriculteurs qui ont vu partir en fumée le bâtiment de la MSA de Saint-Martin-des-Champs et le centre des impôts de Morlaix. « C’est une forme de témoignage pour dire : écoutez-nous ! » Un appel au secours, accompagné d’actes désespérés, auquel le gouvernement n’a su répondre que par l’indignation et la promesse de poursuites judiciaires. Une enquête de flagrance pour « dégradations de biens d’utilité publique » a d’ailleurs immédiatement été ouverte. Et le parquet de Brest lançait dès samedi matin un appel à témoins.
Or, comme le déclarait samedi, sur France Info, Agnès Le Brun, maire UMP de Morlaix, si condamnables soient-elles, ces violences sont « logiques ». En effet, expliquait-elle, « les agriculteurs sont accablés par les charges sociales, les impôts, les dettes… Accablés par le fait que ce que vous achetez sept euros le kilo dans un supermarché, on le leur paye sept centimes à la production ».
Dans un entretien accordé à Libération, Jean-François Jacob, président de la Société d’intérêt collectif agricole de Saint-Pol-de-Léon, expliquait ainsi que, dans la région de Morlaix, les exploitants « ont beaucoup trop de charges alors qu’il y a déjà de grands écarts de compétitivité avec nos concurrents européens, dans un secteur où la main-d’œuvre représente 60 % des coûts de production. Il y a aussi une suradministration de l’activité, avec des normes toujours plus exigeantes et des coûts de fonctionnement qui n’ont cessé d’augmenter ». Au final, ajoutait-il, « certains se retrouvent avec à peine le smic pour des semaines de 80 heures de travail » !
Et puis, insistait Agnès Le Brun : « Nous avons un gouvernement particulièrement autiste sur cette question agricole. Le ministre n’a jamais reçu, écouté, entendu. »
Aussi le FN pointait-il très justement du doigt, samedi, « la responsabilité accablante de l’actuel gouvernement, qui refuse de prendre sérieusement en considération la crise qui lamine les filières agricoles françaises depuis plusieurs années ». En effet, poursuivait-il, « la filière légumière a dû subir la délocalisation des conserveries vers l’Europe de l’Est, le traité de libre-échange avec le Maroc et la concurrence sauvage des producteurs italiens et espagnols, qui n’hésitent pas à recourir à de la main-d’œuvre clandestine et sous payée. (…) Le gouvernement ment quand il prétend avoir pris les mesures suffisantes pour soutenir les filières agricoles » et « il est dans le déni de réalité quand il prétend traiter l’explosion de colère d’hier par la seule force ».
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