mercredi 27 août 2014
Valls, Hollande : l’électrochoc
Valls, Hollande : l’électrochoc
D’un choc l’autre : après le choc de compétitivité, qui n’a pas fait d’étincelles, voici, beaucoup plus radical, l’électrochoc avec lequel les deux morticoles à la tête du gouvernement ont décidé de soigner le cas Montebourg. Et de sortir par la même occasion du coma dépressif dans lequel s’enfonçait le gouvernement Valls, après seulement 135 jours d’existence tourmentée.
L’électrochoc ? Un traitement médicalement recommandé pour soigner certaines affections mentales qui se manifestent notamment par des états « confusionnels et dépressifs ». Ce à quoi tendaient certains membres du gouvernement disparu. Montebourg réclamait, lui, une politique alternative ? Il aura droit à un courant alternatif… « Placé entre deux électrodes » ! Il faut dire que le cas Montebourg était, comme celui du gouvernement, particulièrement « confusionnel ». Et saugrenu : un ministre de l’Economie trouvant mauvais la politique qu’il est chargé de mettre en œuvre et le criant haut et fort, c’était tout de même assez schizophrénique. D’autant plus que, dans le récent entretien qu’il avait accordé la semaine dernière au Monde, François Hollande insistait sur la « cohérence » de sa politique.
A la suite de ce traitement de choc, suggéré par le médecin chef Valls au diafoirus de l’Elysée, les trois principaux contestataires de la ligne Hollande, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti ont annoncé, après avoir pris quelques décharges, qu’ils ne participeraient pas au prochain gouvernement. Les deux premiers avaient pourtant soutenu Manuel Valls dans ses intrigues pour évincer Jean-Marc Ayrault, œuvrant avec lui dans sa conquête de Matignon. Ils avaient reçu en récompense, l’un le ministère de l’Economie, l’autre celui de l’Education… Mais peut-être se sont-ils un peu trop, de ce fait, crus intouchables ? Les détenteurs du pouvoir n’aiment pas trop qu’on leur rappelle trop ostensiblement : qui t’a fait roi ? Le pacte entre les trois hommes n’aura tenu que cinq mois. A peine plus que le pacte de solidarité…
L’imbuvable « cuvée du redressement »
Après le défi que Montebourg et Hamon avaient lancé à Manuel Valls, dimanche dernier, lors de l’épineuse fête de la rose de Frangy-en-Bresse, avec notamment l’aigrelette « cuvée du redressement » jugée imbuvable en haut lieu, le chef du gouvernement n’a pas hésité à dégainer contre ses anciens comparses son épée de matador. « Un ministre de l’Economie ne peut pas s’exprimer ainsi, que ce soit sur la ligne économique du gouvernement auquel il appartient ou à l’égard d’un partenaire européen de la France. » La dernière phrase rappelant les accusations portées à l’encontre de l’Allemagne, que Montebourg juge responsable des politiques d’austérité en Europe. Montebourg souhaitait que François Hollande fonde, tel « un oiseau de la tempête », sur l’Aigle germanique…
On peut aussi s’interroger si le ministre provocateur, dont l’entourage évoquait le départ depuis quelques mois déjà – en vue bien sûr de se positionner pour l’élection présidentielle de 2017 – n’a pas préparé sa sortie, la rendant, de façon délibérée, inévitable et la plus spectaculaire possible.
Lundi après-midi, dans son laïus de départ, Montebourg, démissionné mais toujours flamboyant, s’est dit « fier du devoir accompli ». Peaufinant au passage sa posture présidentielle, il a cité saint Augustin : « La crainte de perdre ce que l’on a, nous empêche d’atteindre ce que l’on peut être. »
Dans un contexte géopolitique angoissant, où de multiples tragédies, que ce soient celles du Proche et du Moyen-Orient, ou du côté russo-ukrainien, risquent d’embraser le monde, où de grandes transhumances humaines incontrôlables déstabilisent nos civilisations, où la France se trouve en pleine déchéance économique, ces palinodies politiciennes, dérisoires jusqu’à l’indécence, ne peuvent évidemment qu’exacerber davantage la défiance déjà très grande des électeurs à l’égard des partis de l’UMPS. Une UMPS au bord de l’implosion elle aussi.
Après la désintégration de lundi matin, le Premier ministre forme sa nouvelle équipe. Valls consultait hier mardi à tour de bras. Avec, pour les anciens ministres désireux de le rester, une simple prescription : se soumettre ou se démettre ! Quant aux nouveaux membres de son gouvernement, Valls espère en débaucher quelques-uns du côté des Verts… Sous condition d’une consigne impérative : que les nouveaux entrants laissent leurs frondes au vestiaire.
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