jeudi 28 août 2014
Patron des patrons ?
Patron des patrons ?
Qui l'eût cru ? À l'université d'été du Medef, à Jouy-en-Josas, Manuel Valls a reçu hier une « standing ovation » plus spontanée et nourrie que celle obtenue par Pierre Gattaz. À l'applaudimètre, il n'est d'ailleurs pas sûr que le Premier ministre fera mieux le week-end prochain à La Rochelle devant les socialistes. Alors ? Valls, nouveau patron des patrons ? Il y avait de quoi s'y tromper. On aurait pu croire qu'il lisait, par erreur, le texte de son hôte tant y fut vibrant l'éloge des entreprises, allant jusqu'à cette attendrissante confession : « J'aime l'entreprise ». Mais cessons là les moqueries, même si ce virage sur l'aile (droitière) après la nomination d'Emmanuel Macron à l'Économie entérine le basculement sidérant de François Hollande vers le social-libéralisme.
Au demeurant, il n'est pas impossible que le coup d'éclat bravache d'Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse ait contribué à accélérer le mouvement et à libérer encore plus la parole du Premier ministre. Hier, Manuel Valls a livré un réquisitoire totalement décomplexé contre « les vieux refrains » antipatronaux et les accusations « absurdes » de « cadeaux » consentis aux entrepreneurs. Les dividendes indécents versés par de grands groupes ne représentent pas le vécu majoritaire des PME et PMI…
Cette fois, les choses sont dites et la ligne est claire. En appelant les patrons à la mobilisation et au dialogue avec les partenaires sociaux, Manuel Valls a en quelque sorte tendu la main, en évitant les formules inutilement cassantes. Pareillement, il a insisté sur une réorientation des politiques européennes en refusant de montrer l'Allemagne du doigt. Sans doute cette stratégie est-elle préférable à la confrontation pour recréer la confiance.
Sans nier la désolante perte de temps engendrée par les ruses de François Hollande, l'opposition s'honorerait de reconnaître, au moins, cette volonté d'agir. En un jour où le chômage a enregistré une nouvelle hausse (+ 26.100 demandeurs d'emploi en juillet), il n'est pas utile de pousser à une politique du pire qui ferait payer les Français deux fois !
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