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dimanche 20 juillet 2014

Le salut des planches

Le salut des planches

Il est trop simple d'affirmer que le combat des intermittents du spectacle n'est que la défense de privilèges exorbitants dont profiteraient abusivement quelques artistes nantis et aussi peu scrupuleux que peu solidaires avec leur corporation. Cette façon d'évacuer la question d'un revers de mépris occulte, à dessein, une réalité complexe. Elle masque aussi la volonté du patronat d'en finir avec un régime d'indemnisation trop vite qualifié de sectoriel quand il ne fait qu'atténuer d'insupportables disparités. En vérité, c'est de la place de la culture dans un système où les sociétés de production exploitent des salariés horaires comme il y a deux siècles, dont il faut parler. Au-delà du sentiment des festivaliers d'être pris en otages par une agitation minoritaire, c'est bien de la crise du système libéral qu'il s'agit.
On sait les causes du malaise depuis plus de dix ans et, déjà, une précédente réforme avait mis le feu aux poudres en 2003. Faute d'avoir été traitées dans la concertation par les gouvernements et les partenaires sociaux, elles produisent les mêmes effets et les nombreuses annulations continuent de mettre en péril la survie de certains festivals majeurs.
Ne peut-on réduire le déficit de l'assurance-chômage sans précariser les métiers de la culture ? Ne devrait-on pas, avant, revenir sur les abus de l'audiovisuel public qui fait tourner sa machine de production avec des intermittents et sans embaucher ? Oui, il faut « remettre à plat le régime à bout de souffle des intermittents » mais tous ces mots désarticulés qui s'évanouissent dans les cintres sont aussi inefficaces que le tango de l'hésitation gouvernementale. En tentant, en vain, de ne pas froisser le patronat, Manuel Valls ne fait que menacer deux mille festivals créateurs d'économie et déjà malmenés par la diète budgétaire. La culture, pierre angulaire de notre rayonnement universel, vaut mieux que des bouts de ficelle.
La culture, le théâtre surtout, est un des outils de la démocratie. C'est cet outil porteur de sens qui est visé par les manipulateurs du conflit des intermittents dans tous les camps. Ils se trompent ! Du désarroi de la jeunesse naîtront demain les poètes qui réveilleront notre pensée desséchée. Par eux viendra le salut des planches.

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