jeudi 17 juillet 2014
La fable corrézienne
La fable corrézienne
On peut choisir d’en rire : chevelure d’un noir soigneusement entretenu et lunettes carrées, le mimétisme est frappant. On peut aussi choisir d’en sourire : la Corrèze, les réseaux, les amitiés rad-soc sont les mêmes. On peut surtout s’en affliger : plus on s’avance dans le quinquennat, plus François Hollande ressemble à Jacques Chirac. Pas au Chirac des réformes à la hussarde, ni à celui des embardées programmatiques. Pas le Jacques du trop vite, trop fort, trop loin. Celui-là avait laissé ses habits de réformateur galopant au vestiaire de l’Elysée, peu après son arrivée dans le palais : il avait suffi des grandes grèves de 1995 pour convaincre le nouveau chef de l’Etat qu’une bonne réforme ajournée, c’est autant « d’emmerdements » évités.
Jacques Chirac craignait par dessus tout de voir « les petites camionnettes jaunes et bleues » des PTT et d’EDF dans la rue avec les manifestants du secteur public. François Hollande, lui, a trouvé une autre façon de ne rien faire : il n’est de bonne réforme qu’une commission ad hoc ne puisse enterrer. La discussion, la négociation, le dialogue social permettent d’endormir les réformateurs les plus vaillants, de surseoir à trancher ou de se réfugier dans la demi-mesure.
Et pendant ce temps, les records s’accumulent : dette publique, impôts et taxes, chômeurs, faillites d’entreprises, comptes extérieurs, c’est le toujours plus. Ainsi la France s’immobilise-t-elle petit à petit, bercée par le lancinant ronron hollandais des promesses verbales (« je réformerai jusqu’au dernier jour ») et de la réécriture de l’histoire (« j’ai réorienté l’Europe vers la croissance ») pour nourrir cette fable corrézienne selon laquelle les Français redouteraient les réformes, alors que c’est désormais l’absence de résultats qu’ils ne supportent plus.
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