Évaluée à sept milliards d'euros, la transformation d'Hellenikon - un site trois fois plus vaste que Monaco - est l'un des projets immobiliers les plus ambitieux d'Europe et pourrait constituer une précieuse source d'activité pour un pays, la Grèce, il y a peu au bord de la faillite.
Pour les nostalgiques, l'aéroport renvoie aux heures fastes de la jet-set des années 1960, quand l'armateur Aristote Onassis dirigeait la compagnie aérienne Olympic Airways et avait pour maîtresse la diva Maria Callas.
Mais l'époque est révolue. La gauche grecque et les riverains critiquent aujourd'hui un projet réservé selon eux à une riche élite dans un pays qui émerge à peine de six années de récession et d'une cure d'austérité sévère.
Ces dernières années, les initiatives visant à transformer le complexe aéroportuaire de 620 hectares en projet rentable ont toujours capoté, y compris l'idée, en 2011, de transformer Hellenikon en quartier d'affaires, comme celui de Canary Wharf à Londres, avec le soutien financier du Qatar. L'émirat s'est finalement désisté l'an dernier.
Lamda Development, un consortium contrôlé par la puissante famille grecque Latsis, comprenant des sociétés chinoise (Fosun) et émiratie, nourrit cependant de grandes ambitions depuis qu'il a repris en mars le bail du site, pour un montant de 915 millions d'euros et une durée de 99 ans.
SEPT MILLIARDS D'EUROS
Le groupe espère transformer Hellenikon en complexe balnéaire de luxe avec des hôtels, une marina, une plage longue d'un kilomètre et un vaste parc.
"L'aéroport a fermé le 30 mars 2001 et a été complètement abandonné pendant treize ans", a rappelé le directeur général de Lamda, Odysseas Athanassiou, cette semaine en présentant le projet à la presse, promettant de transformer Hellenikon en "destination internationale".
Pendant six décennies, Hellenikon a été le seul aéroport d'Athènes. Construit en 1938, il a été utilisé pendant la guerre par la Luftwaffe, puis l'US Air Force. L'un de ses terminaux a été dessiné par Eero Saarinen, l'un des pionniers du style néo-futuriste des années 1960.
Mais l'usure a fait son oeuvre et les autorités ont décidé de fermer le site en 2001, trois ans avant les Jeux olympiques d'Athènes, au profit d'un aéroport plus moderne.
Aujourd'hui, les terminaux sont jonchés de vieilles cartes d'embarquement, des débris d'un toit qui s'est effondré. Un vieux Boeing 747 rouille parmi des chiens errants et les mauvaises herbes ont envahi les pistes.
Lamda Development promet d'investir plus de sept milliards d'euros dans ce chantier colossal de quinze à vingt années qu'il espère lancer en 2016, une fois obtenus tous les permis.
Le projet a été capital pour qu'Athènes obtienne le feu vert de ses créanciers - Union européenne, Fonds monétaire international -, dans le cadre de son programme de cession d'actifs.
En dépit de la promesse de création d'emplois et d'investissements, le plan fait l'objet d'une forte opposition en Grèce.
"Hellenikon n'est pas à vendre", lisait-on cette semaine sur des banderoles déployées par des manifestants devant l'hôtel de luxe où Lamda a présenté son projet.
Le parti de gauche Syriza, vainqueur des élections européennes en Grèce, qui défend l'idée d'un parc gratuit pour tous, accuse l'agence des privatisations de "liquider" les biens de l'Etat contre l'intérêt public. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Tangi Salaün)
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