mardi 27 mai 2014
François Hollande ou l'ère du vide
Dans le fond, il y avait, une belle bibliothèque avec des livres reliés. Sans doute Démosthène, Cicéron, l'Histoire de France. Deux drapeaux, l'un tricolore, l'autre étoilé. Un costume, une cravate et un monsieur qui comme dans les vieilles foires a passé sa tête pour se fondre dans le décor. Il est resté pendant cinq minutes, comme ces enfants qui s'amusent à mimer les soldats, les professeurs ou les rois. Il a prononcé des mots à la file en agitant ses mains, en prenant des airs inspirés, convaincus, soucieux. Il n'avait pas beaucoup de temps, on lui a demandé de parler vite. Ce qu'il a fait. Au début, il s'est trompé et a confondu européen et eurosceptique, ensuite il s'est efforcé de faire des phrases comme Nicolas Sarkozy: la France, elle veut que…L'Europe, elle est…Appuyer sur le pronom personnel, il paraît que ça fait peuple. Qu'un écrivain qui s'appelle Céline écrivait comme ça. Il a dit des choses. Il n'a pas dit grand-chose. Parfois il avalait ses mots, d'autres fois il mettait l'accent tonique sur la mauvaise syllabe, comme s'il lisait en phonétique.
Sans doute était-il un peu fatigué? La veille, il avait fait dix heures de voiture, en respectant les limites de vitesse, les pauses qui s'imposent toutes les deux heures. Il avait même récupéré un vieux copain de régiment sur une aire d'autoroute pour évoquer leurs souvenirs dans les bouchons qui commencent avant le péage de Saint Arnoult. Avaient-ils pris une crème brûlée au Bœuf jardinier ? Toute la journée il avait téléphoné pour savoir s'il devait parler ou se taire. Il avait finalement choisi d'affronter les choses et de regarder les Français dans les yeux. Il a dû perdre l'habitude car il avait l'air comme étranger à lui-même. Un peu comme Jacques Chirac à la fin de son deuxième mandat. Il y avait des livres, des drapeaux, un costume, mais ce ne pouvait pas être l'Elysée, l'héritier de Louis XIV, le maître de la cinquième puissance, le chef des armées. Et puis d'un coup l'image a disparu et David Pujadas a affirmé que le chef de l'Etat avait fini son allocution. C'était donc lui le président soutenu par 5, 7% des inscrits sur les listes électorales! Une tête, une cravate, des lunettes, quelques mots et puis rien.
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