jeudi 8 mai 2014
François Hollande, l'homme qui rêvait la réforme
Malgré tout ce qu'il affirme, François Hollande est bel et bien un homme du passé : incapable d'affronter le réel, il se contente de rêver le changement.
François Hollande gouverne la France depuis deux ans aujourd'hui. L'anniversaire de son accession au pouvoir est vécu dans une indifférence totale par le pays. La presse ne l'évoque qu'avec discrétion, quand elle ne dresse pas un bilan sévère de l'action du président, dont la popularité est au plus bas dans l'opinion. Cet échec, chaque jour en apporte la démonstration. Il tient à des raisons multiples et que l'on ne cesse de décliner : une politique illisible, des engagements non tenus, une communication déficiente, un défaut d'autorité à la fois sur le gouvernement et sur la majorité, etc. Mais qu'y a-t-il à la source du mal, qui explique cette incroyable incapacité à gouverner, même si l'on prend en compte à la fois les efforts déployés et les obstacles contextuels indépendants de cette bonne volonté ?
Le motif profond de cet échec nous semble essentiellement tenir au refus de François Hollande non pas de reconnaître la réalité du monde, mais de s'y adapter. Ce n'est pas qu'il la nie, certaines de ses analyses et certains de ses engagements le prouvent, fussent-ils idéologiquement contestables. Mais c'est qu'il a peur de l'affronter. Il pallie ce manque de courage par le recours au rêve, un rêve dont il devient dupe. Il rêve la réforme, il rêve le changement, celui de la société, celui du destin de la France, et ce rêve le tient quitte d'agir. Il se donne l'illusion de la puissance en développant une idée de la France hors de proportion avec les moyens dont celle-ci dispose dans sa situation actuelle. Il a communiqué cette illusion au pays en lui promettant la lune, en lui proposant un programme extravagant dont la réalité a tôt fait de révéler la vanité.
Son crime est d'avoir proclamé en 2012 : "Je dirai toujours la vérité. Je n'abuserai pas le peuple avec des promesses illusoires, avec des projets de dépense dont nous n'avons pas le premier euro." Il savait donc que la France n'avait pas le premier euro. N'est-ce pas là abuser de la confiance de ceux qui l'ont porté au pouvoir ? C'est ce mensonge, dévoilé par les faits, qui est à l'origine de son discrédit. Un péché originel qui le condamne à jamais dans l'esprit public.
Naguère, en 2008, Manuel Valls recommandait à la gauche d'épouser son temps "pour ne pas passer à côté du réel et être capable d'agir". Visait-il Hollande ? Parmi d'autres, à l'évidence. Hollande, apparatchik de profession, vieilli à la tête d'un vieux parti, héritier d'un long passé pétrifié, étranger à la vérité et au mouvement de la vraie vie, n'est-il pas le symbole du conservatisme et de l'immobilisme, à charge pour la nostalgie de la réforme - voire de la révolution - de donner le change ?
La coquetterie de l'histoire veut que ce même Valls, apôtre de l'aggiornamento, soit appelé par ce résidu de l'histoire du socialisme à partager le pouvoir avec lui. Valls chargé d'assumer le rêve que ce dernier avait la prétention et n'a pas eu l'audace de réaliser ! Peut-on imaginer pire humiliation pour François Hollande ? Pire sanction, après la récente déroute électorale ? C'est cela, le bilan.
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