Boomerangs
Le désir d'avenir est plus fort que tout. Après Falorni et la défaite de La Rochelle, les larmes, l'humiliation du « embrasse-moi sur la bouche » dans la nuit tulliste, Ségolène Royal revient, en position de force, dans le nouveau gouvernement pour apporter son soutien à François Hollande. Le tweet s'est fait boomerang. Pour estomper la sortie des Verts du gouvernement, le chef de l'État nomme, habile, au ministère de l'Écologie, une personnalité de premier plan qui sait parler fort et clair. Il fait dès lors de l'environnement une clé de sa stratégie gouvernementale et même de sa politique de relance. Ainsi se bouclent les boucles. En 2007, Ségolène Royal était n° 1 du couple, en 2014 les rôles sont inversés. Comme quoi en politique, on ne meurt jamais.
Et si la montée du vote écolo, pourtant relative, aux municipales avait fait naître l'illusion que Mme Duflot pourrait jouer son propre rôle aux présidentielles prochaines avec l'espoir de refaire le coup de Grenoble ? Ce serait oublier qu'en s'engageant dans une opposition de gauche très à gauche, les Verts n'apparaîtraient pas comme une alternative à François Hollande, mais àæ Jean-Luc Mélenchon !
En changeant de position sur l'échiquier traditionnel, les Verts choisissent un discours et des pratiques politiques raidis et s'éloignent forcément des batailles qui faisaient une partie de leur crédibilité dans l'opinion. Qu'en sera-t-il de leur capital de popularité s'ils n'ont plus, pour exister, que la surenchère environnementale et s'ils délaissent leur humilité de partenaire minoritaire, mais écouté ? Pour peu que Ségolène Royal obtienne quelques succès et ramène l'écologie dans le giron du PS, le risque est réel pour les Verts de n'être plus entendus. D'autant que l'influence européenne de Cohn-Bendit, qui avait permis un score flatteur, s'est évanouie dans sa lassitude des querelles intestines.
Le risque d'une crise qui ferait exploser Europe Écologie les Verts pourrait venir des 29 députés qui doivent leur siège à un cadeau du PS en 2012. Si les écologistes partent autonomes à la présidentielle, il ne sera pas facile de demander à des socialistes de se sacrifier. Surtout après l'échec des municipales et les pertes de baronnies. Encore un boomerang.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire