samedi 26 avril 2014
À libertade sempre
À libertade sempre
Grândola, terre de fraternité. Il est si rare que la révolution arrive par l'exaltation poétique de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Ce sont pourtant les paroles de la chanson de Zeca Afonso, interdite par les fascistes, qui donnèrent le signal de la révolution des 'illets. Une révolution la fleur au fusil par les capitaines du 25 avril, une révolution d'espoir, une révolution sans violence et sans que coule le sang pour le droit du peuple à décider de lui-même. « Un coup d'État pour la paix », insistait Mario Soares lorsqu'en exil en France il intervenait parfois devant les étudiants de l'Institut d'études ibériques de la faculté de Clermont-Ferrand. « Seul le peuple ordonne », dit encore la chanson-code. Et en effet, les militaires renversent la dictature de Salazar et très vite rendent le pouvoir au peuple dans l'enthousiasme général. Les dissensions viendront plus tard.
Au Chili, huit mois avant, Pinochet, dans le sang, attaquait La Moneda et faisait tomber Salvador Allende, transformant en désespérance les rêves et les idéaux de non-violence nés de 68. Tout semblait alors figé au sud de l'Europe. La révolution pacifique au Portugal leur redonnait le moral et relançait l'effervescence démocratique.
D'autant que l'été suivant, la chute des colonels grecs ouvrait la voie, par les élections, à la victoire des démocrates et à la fin de la royauté. Dures années pour les tyrans. En novembre 1975, la mort du Caudillo débarrasse l'Espagne du franquisme rétrograde et lance les processus du retour à la libre expression populaire. Dans des économies dont le seul levier est le tourisme, les secousses vont rendre le chemin chaotique. Mais l'intégration dans l'Europe est acquise et fait tomber sur le Portugal, comme sur son voisin méditerranéen, une manne d'aides qui générera l'illusion de la croissance. La crise de l'argent fou crucifie les plus fragiles et on sait les Portugais ensablés dans un marasme dont ils commencent à peine à voir le bout.
Après les 'illets sont venus les bouquets de désillusions et les relents d'hommes forts demeurent. Mais, parce que des hommes éclairés l'ont voulu, le Portugal est aujourd'hui amarré à la démocratie. On ne chante jamais assez la liberté pour le peuple. Obrigado (*) Zeca.
(*) Merci
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