lundi 24 mars 2014
Une cinglante punition
On nous avait dit que cette «non-campagne» ne pouvait accoucher que d'un non-événement. Que 36.000 microclimats providentiels protégeraient les socialistes du vent de déception et de colère qui souffle sur le pays. Que les électeurs de la droite, découragés par les «affaires» et la guerre des chefs, préféreraient rester chez eux. Que la spectaculaire sortie de Nicolas Sarkozy ne servirait à rien… Tout faux! Une fois encore, les augures chaussés de lunettes roses se sont lourdement trompés.
Non seulement le vote d'hier soir, marqué par la victoire de la droite et la forte poussée du FN, n'échappe pas à cette loi d'airain qui veut que les scrutins intermédiaires soient pour les électeurs l'occasion d'exprimer leur mécontentement, mais il donne à cette sanction toutes les apparences d'une cinglante punition. Pour la majorité, c'est un désaveu clair, net et sans bavure. Pour François Hollande, deux ans après son élection, la concrétisation d'un échec personnel et politique, qui le laisse, au moment d'aborder la phase cruciale de la «relance» de son quinquennat, dans une situation d'extrême fragilité.
L'UMP, qui se réjouit bruyamment - c'est de bonne guerre -, aurait tort cependant de ne pas voir que la vague bleue est surtout le produit du ressac rose. Ses électeurs se sont nettement moins abstenus que ceux du camp d'en face, mais la reconquête des cœurs et des esprits reste à accomplir.
Victoire relative, donc, et fragile aussi: l'enracinement du Front national - dont témoignent certains succès remarquables dans le sud et le nord du pays - fait peser sur la droite, via la multiplication des triangulaires, une vraie menace au second tour. Si elle ne sait pas trouver les mots pour convaincre les électeurs frontistes de (re)venir à elle, l'UMP pourrait ici ou là déchanter dimanche prochain.
Au-delà, la persistance d'un vote Front national puissant, conjugué à une abstention forte qui ressemble de plus en plus à un vote protestataire «atténué», est un avertissement sans frais. Il vaut aussi bien pour le PS que pour l'UMP.
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