mardi 28 janvier 2014
Pari stupide
Pari stupide
On attendait la publication des chiffres du chômage à la fin décembre comme on guette les résultats d'un concours de pronostics. François Hollande allait-il gagner ou perdre son pari sur l'inversion de la courbe du chômage ? On avait beau être à peu près sûr du résultat, les médias entretenaient le suspense. Et puis les statistiques sont tombées. Impitoyables. Surtout pour les 3,3 millions de chômeurs recensés en 2013. C'est à eux, et à eux seuls, que l'on aurait dû penser, mais l'échec de François Hollande a éclipsé tout le reste. Il faut dire que le chef de l'État est tombé dans le piège qu'il s'était lui-même tendu.
Quel besoin avait-il de promettre « coûte que coûte » l'inversion de la courbe du chômage à la fin de l'année ? Et surtout, pourquoi avoir tant persisté quand tout laissait prévoir que le but ne serait pas atteint ? Par sa faute, François Hollande a contribué à ce que l'attention se focalise exclusivement sur un résultat érigé en symbole de sa réussite politique. Plutôt que de se condamner, dans un pari stupide, à une obligation de résultat, il aurait dû se consacrer, dès le début de son quinquennat, à une obligation de moyens en s'attaquant au traitement économique du chômage plutôt qu'à son seul traitement social.
Cela lui aurait évité les discours tarabiscotés pour réfuter la réalité des statistiques. Cela aurait aussi privé l'opposition d'une victoire qu'elle n'hésite pas à surexploiter, Marine Le Pen dénonçant « la fin d'un sketch grossier » et Jean-François Copé revendiquant carrément le départ de Michel Sapin, ministre du Travail.
Il est grand temps que les chômeurs, cessant d'être instrumentalisés par les uns et les autres à des fins politiciennes, reviennent au centre des préoccupations des gouvernants et des partenaires sociaux. L'ouverture des consultations sur le « pacte de responsabilité » devrait être l'occasion d'une prise de conscience collective. Les esprits vont bien devoir s'ouvrir à une culture du « donnant-donnant » jusque-là si étrangère à notre dialogue social. Il faut tenter le pari. Celui-ci n'est pas stupide.
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