jeudi 23 janvier 2014
Le compte de Davos
Le Forum économique mondial annuel qui s’est ouvert le 22 janvier à Davos, se déroule sur fond d’instabilité qui persiste dans l’économie mondiale. Mais selon certains experts, dont la directrice exécutive du FMI Christine Lagarde, le plus grand danger, ce n’est pas l’endettement ou l’instabilité des principales monnaies du monde mais l’inégalité des revenus qui a déjà atteint un niveau dangereux et continuent à s’exacerber. Notre observateur Piotr Iskenderov doute que le problème puisse être résolu dans le contexte contemporain.
Les statistiques arides publiées par les experts internationaux ont réellement de quoi impressionner. Conformément au rapport de l’ONG Oxfam, la fortune globale des 85 hommes plus riches du monde faisant partie de la liste de Forbes, représente 1,7 trillions de dollars. C’est l’équivalent de ce que possèdent plus de 3,5 milliards des pauvres dans le monde et l'inégalité la plus effroyable que l’économie contemporaine ait jamais connue.
L’inégalité sociale croissante plonge ses racines dans les dernières décennies du XXe siècle, a fait ressortir dans l’entretien avec La Voix de la Russie Ruslan Grinberg, directeur de l’Institut de l’économie de l’Académie russe des sciences :
Si dans les années 1950-1970, le capitalisme est devenu ce qu’il était convenue d’appeler « le capitalisme au visage humain », c’est parce qu’il était obligé de se mesurer à son rival et notamment au système socialiste mondial. La lutte était pour la première fois menée pour le bien-être général. La situation s’est inversée après l’effondrement du système socialiste incarné par l’URSS et le monde à basculé à nouveau vers le système d’auto-régulation préconisé par Adam Smith. Or, Karl Marx disait en son temps que les forces d’auto-régulation conduisent à l’accumulation des richesses sur un pôle et à la misère sur l’autre. Les pauvres deviennent infiniment plus nombreux que les riches.
Les offshores sont un sujet à part dans le cadre du problème considéré. C’est dans les offshores sont sont placés et se multiplient les plus grandes fortunes. La situation dans ce domaine tend à s’améliorer ces derniers temps mais le système lui-même ne pourra pas être définitivement démonté dans les années qui viennent, estime Iouri Danilov, directeur du laboratoire d’analyse des marchés financiers de l’Institut d’analyse d’entreprises et marchés du Haut collège d’économie. Il a rappelé que les offshores se subdivisaient en deux catégories principales :
Il existe les offshores qui sont utilisés aux fins d’« optimisation » de la charge fiscale par les transnationales et les grandes entreprises. Les offshores de ce type existeront toujours sous une forme ou sous une autre. Mais il y a aussi les offshores utilisés par des personnes physiques y compris par des politiques aux fins d’évasion fiscale. C’est cette pratique qu’on arrivera sans doute à réduire considérablement.
Selon la Banque Mondiale, 1,2 milliards de personnes dans le monde vivaient en 2010 avec moins de 1,25 dollar par jour contre près de 2 milliards il y a 30 ans. Les experts de la Banque ont calculé qu’il faudrait près de 200 milliards de dollars annuellement pour redresser la situation. Ce n’est que 0,25% du PIB mondial et une infime partie de ce qui se dépose dans les offshores. Le Guardian britannique évalue à 32 trillions de dollars les comptes offshores par référence à ses sources financières. Pourtant, on ne pourra jamais récupérer cet argent même si Davos pesait de son poids économique.
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