mardi 14 janvier 2014
c'est Hollande qui a confondu vie publique et vie privée !
c'est Hollande qui a confondu vie publique et vie privée !
Que les hommes politiques, au premier rang desquels le président de la République, aient droit au respect de leur vie privée, ainsi quele revendiquait François Hollande dans le communiqué qu'il faisait publier vendredi dernier, c'est évident. "Comme tout citoyen", ajoutait-il. C'est déjà un peu moins évident. C'est en tout cas un sujet de débat. Le président de la République n'est pas un citoyen comme les autres. La curiosité qu'inspirent les grands de ce monde ne date pas d'aujourd'hui, Louis XIV ne nous démentira pas, Saint-Simon non plus. Les hommes d'État exemplaires n'ont jamais détesté qu'on vantât leurs vertus. Alors pourquoi ferait-on silence sur les faiblesses de ceux qui sont moins sages, surtout lorsqu'elles sont vénielles, comme une libido un peu intempérante, est-ce un crime ?
Et puis tout se sait aujourd'hui, même ce qui est caché. Va-t-on interdire les réseaux sociaux, cette plaie insupportable dont l'usage est apparemment devenu indispensable à l'humanité tout entière ? Il y a belle lurette que la vie privée des hommes politiques est compromise. L'intérêt qu'on lui porte ne part pas forcément d'un mauvais sentiment. Les présidents de la République appartiennent à tout le monde. Ils sont de la famille. Ils le disent assez. On en connaît même un qui se prétend un homme normal. Un ami, quoi, un copain. On est en République, non ? Ils nous mettent à l'aise. On les aime bien, on aime bien savoir qui ils sont, d'où ils viennent, comment ils se portent, s'ils font de la bicyclette ou de la cuisine. Alors de là à s'intéresser à des caractéristiques plus intimes, il n'y a qu'un pas qui évidemment mène à une sorte de voyeurisme, mais c'était fatal, même si ce dérapage, et il faut l'avouer, n'est pas très délicat. Telle est la rançon de la familiarité.
C'est pourquoi François Hollande aurait dû, dans son communiqué, soumettre le respect de la vie privée des hommes publics à une condition : c'est qu'ils ne l'exhibent pas inconsidérément et qu'ils la gèrent intelligemment. Or on conviendra que s'il n'a pas vraiment exhibé la sienne, contrairement à certains autres, il l'a gérée comme un idiot normal plus que comme un homme d'État soucieux de son rang, de sa fonction et de son devoir. Ce n'est pas là un jugement que nous portons sur son cursus sentimental, nous n'en aurons pas l'indiscrétion, c'est un constat que nous faisons sur l'étrange manière qu'il a de provoquer un imbroglio politique dès que sa vie amoureuse connaît un soubresaut. Ce fut d'abord le douloureux épisode de sa rupture avec Ségolène Royal, avec laquelle il était en compétition politique. Ce fut ensuite, au début du quinquennat, l'apparition publique d'une concubine dont les écarts de caractère provoquèrent dans l'opinion quelques interrogations de nature politique. Et c'est aujourd'hui une rocambolesque aventure galante qui pose des questions politiques : celle de sa désinvolture, celle de sa sécurité, celle de son intelligence et celle de l'affaiblissement de son image au moment où il a plus que jamais besoin de la restaurer. On n'entre pas ici dans l'intimité de sa vie privée, on constate simplement qu'il est par sa maladresse l'auteur d'une confusion entre sa vie privée et sa vie publique.
Cette confusion est infiniment regrettable. D'abord, elle provoque la risée de la plupart de nos "amis" étrangers. Chacun d'eux devrait pourtant balayer devant sa porte. Mais ainsi va le monde. Elle crée un malaise dans l'opinion française. Les sondages attestent d'une certaine indulgence dans le jugement populaire. Il est pourtant douteux que les caprices libertins du président contribuent à restaurer son crédit. Et enfin, les échéances qui l'attendent : demain une rencontre avec la presse, puis une visite à Obama, ensuite un voyage au Vatican, enfin une épineuse et décisive négociation avec le patronat, cela exige une disponibilité d'esprit, un sang-froid, une autorité, toutes qualités forcément mises à mal par les séquelles de ses fredaines qui donnent de lui une image d'inconséquence et de légèreté.
On repense au couplet "Moi, président de la République" qu'il avait décliné face à Sarkozy lors de la campagne. Cette arrogance ! Nous n'avons, depuis, cessé de le dire : ce n'était que hâblerie.
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