vendredi 6 décembre 2013
France, ton école fout le camp !
France, ton école fout le camp !
"Souriez-vous les uns les autres." L'ambiance est devenue si lourde, dans le pays, qu'il y a de plus en plus de bons esprits pour reprendre à leur compte la célèbre formule de Mère Teresa.
Tel est le credo des bien-pensants de la hollandie. De quelques mal-pensants aussi. Du positif ! Du positif ! réclament-ils en sautant sur leur chaise comme des cabris. Ils rêvent tous d'une France qui recommencerait à s'aimer comme c'était le cas il y a encore quelques décennies, quand elle avait le sentiment que le monde entier l'écoutait et la regardait.
Mais chassez le naturel, il revient toujours : sourire n'est pas français. Du moins depuis plusieurs années. Nous ne sommes pas seulement des Italiens de mauvaise humeur, comme disait Cocteau. Nous sommes aussi, depuis l'Occupation, des as de la lettre anonyme et l'autodénigrement est devenu, avec le "blogofiel", un sport national. On s'en veut de n'être plus à la hauteur de notre glorieux passé.
La dernière enquête Pisa de l'OCDE est une nouvelle occasion de nous désoler. Évaluant les cycles éducatifs sur le plan international, elle montre que la France recule encore dans le palmarès mondial des élèves. Ce n'est pas la chute annoncée, non, mais une baisse de forme qui nous relègue dans la moyenne, loin derrière les champions d'Asie. La faute à qui ou à quoi ?
Les "néocons", perroquets de la pensée dominante, nous diront que c'est à cause de l'euro, de l'Europe, du libéralisme, de l'austérité ou de ce capitalisme atroce qui suce le sang des enfants. Les autres dénonceront les enseignants qui n'en peuvent mais, ou bien les technocrates de l'OCDE au service de la mondialisation.
Au lieu de nous replier dans le déni ou de chercher à couper la tête des annonciateurs de mauvaises nouvelles, rebaptisés déclinologues, nous ferions mieux de nous attaquer enfin aux vraies causes de notre lente dégringolade dans les classements internationaux.
Trop d'égalitarisme tue le principe d'égalité. Nous autres Français n'arrivons pas à accepter que, si nous sommes tous égaux, certains le sont, du moins sur le plan des études, plus que d'autres. Malgré les efforts méritoires d'hommes comme Xavier Darcos, le "modèle éducatif français" reste un échec. Une machine à fabriquer de l'exclusion. Ce n'est plus seulement Le Point qui le dit, mais aussi, hosannah, le ministre de l'Education nationale.
Bienvenue au club. Le constat de Vincent Peillon est sans appel. Selon lui, la France "est le pays dans lequel les inégalités sociales et scolaires s'aggravent le plus. On laisse sur le côté 25 % de notre jeunesse". Heureux d'entendre cette vérité proférée par une bouche officielle. "En France, par rapport à 2003, confirme le Pisa, il y a à peu près autant d'élèves très performants, mais surtout beaucoup plus d'élèves en difficulté, ce qui sous-entend que le système s'est dégradé par le bas."
Que faire ? Si c'est pour embaucher encore une fournée de 60 000 enseignants supplémentaires, comme en 2012, la cause est perdue d'avance. Tant il est vrai que notre système est vicié à la base : nous réussissons le tour de force de dépenser plus que l'Allemagne ou la Grande-Bretagne en payant nettement moins nos enseignants, il est vrai beaucoup plus nombreux.
La solution : dépenser non pas plus, mais mieux, en rééquilibrant en faveur du premier degré, qui, chez nous, est désavantagé par rapport aux pays comparables. Sans oublier de réformer et de revaloriser la condition enseignante.
Si nous avons eu tout faux, c'est à cause d'une conception uniquement dépensière de la politique. Du christianisme nos politiciens irresponsables n'ont retenu que le mythe de "la multiplication des pains". L'idéologie du "servez-vous, il y en aura pour tout le monde". A quelques exceptions près, ils appartiennent le plus souvent, à droite comme à gauche, au premier parti de France, le parti laxiste.
Plus l'État dépense, plus il embauche, moins l'intendance suit, et dans le cas du mammouth de l'Éducation nationale, c'est un euphémisme. Ce qui s'y passe est un cas d'école. Une sorte d'apologue démontrant que, contrairement à ce que pensent nos gouvernants, on ne dissout pas les problèmes en les noyant sous l'argent public.
Au lieu de s'en navrer, les thuriféraires du "modèle social français" se félicitent qu'il y ait en France deux fois plus de fonctionnaires sur 1 000 habitants qu'en Allemagne pour un service à peu près équivalent, comme le reconnaissait M. Hollande lui-même lors de sa conférence de presse de l'an dernier. Trop longtemps, quand un problème se posait, au lieu de réformer ce qui devait l'être, nos dirigeants augmentaient automatiquement les dotations budgétaires, avec les déplorables résultats que l'on sait.
De même que les chiens ne font pas des chats, les pessimistes ne font pas des optimistes. Le rapport Pisa nous apprend que la France est l'un des pays où les élèves font le moins preuve de persévérance et où le niveau d'anxiété reste le plus élevé au monde. Un jour, il faudra peut-être instituer des cours de bien-être, mais il n'est pas sûr que l'on trouve des professeurs chez nous...
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