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vendredi 29 novembre 2013

Retraite chapeau : les ressorts d’une indignation

Retraite chapeau : les ressorts d’une indignation


Nouvelle affaire de retraite chapeau. Cette fois, c’est le président du directoire de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, qui est dans le collimateur. Motif de la colère au sein de l’entreprise, de l’étonnement à l’extérieur, le montant de ladite retraite : 21 millions d’euros…
Finalement, Philippe Varin aura calmé les esprits en renonçant au pactole. Calmé les esprits ? Pas tout à fait. Car cette (nouvelle) affaire fait des vagues. Au point qu’Arnaud Montebourg envisage de légiférer sur cette question des indemnités versées aux patrons qui quittent leur poste. Il ferait sans doute mieux de réfléchir à un changement de nom de son ministère. Le Redressement productif, ça vous a désormais un air – et même un refrain… – de publicité mensongère. Mais, curieusement, personne ne songe à s’en prendre à lui !
M. le ministre estime juste et normal que le dirigeant de PSA ait renoncé à cette fabuleuse indemnité, qu’il juge indécente. Et se félicite, de ce fait, de sa « régulation par le scandale ». Ah ? Il y a des domaines où le scandale a du bon ? Faudra que les socialistes nous en dressent la liste…
En attendant, à la prochaine incartade des patrons, il faudra, tonne le ministre, lé-gi-fé-rer. On ne sait pas qui fixera le montant décentdes indemnités. Sans doute pas le gouvernement qui, malgré ses effets d’annonce, n’a jamais baissé les salaires des ministres. Il est vrai que le Conseil constitutionnel a jugé que c’était contraire à la Constitution. Et puis le principal n’était-il pas que l’annonce génère un capital sympathie dont nos gouvernants manquent plus encore que du reste ?

Sommes astronomiques
Quoi qu’il en soit, on ne voit guère les raisons – si l’on excepte l’envie, ce vieux ressort humain – qui justifient un tel scandale. Oh ! certes, la somme apparaît quelque peu disproportionnée, surtout en une époque de crise, et de difficultés pour l’entreprise qui peuvent donner à craindre à ses employés.
Mais, après tout, cette somme colossale correspond à ce que l’entreprise met de côté à cet effet. Or, plus que le montant de la somme, ce qui apparaît réellement choquant, c’est que l’on puisse ainsi verser des indemnités à un homme qui quitte l’entreprise parce qu’il n’a pas réussi à la redresser, c’est-à-dire qu’il a failli dans sa tâche. Il est vrai que cette considération ne saurait être mise en avant par nos politiques, qui auraient, trop souvent, crainte de la prendre pour eux.
On notera que Philippe Varin, qui part après moins de cinq ans à ce poste, ne se retrouve pas tout à fait à la rue. Dans ce milieu, on est toujours administrateur de ceci, et membre de cela. Et puis il ne devait pas épuiser chaque mois un salaire qui, même amputé, depuis 2011, de sa part variable, dépassait tout de même le million. Il est d’ailleurs patent qu’il renonce à 21 millions non sans que, on le suppose, cela le chagrine, mais sans que ça ait l’air de l’affecter outre mesure.
Mais tout cela – indignation comprise ! – n’enlève rien à la légalité du système. D’après des chiffres relativement récents, ce sont 761 dirigeants qui bénéficieraient actuellement d’indemnités de ce type. Choquant ? Peut-être. Mais personne ne dit rien de ces types, genre Zlatan ou Ribéry, qui, pour taper dans un ballon, flirtent avec les dix millions par an…

Idées fausses
Et puis l’indignation a aussi bon dos. En renonçant à ce bonus, Philippe Varin a assuré « comprendre » les réactions, mais préciser qu’elles « reposent sur des idées fausses ».
Et effectivement, ainsi que le relève, avec une tête un peu plus froide, notre confrère des Echos, le dirigeant de PSA ne devait toucher de cette somme que 300 000 euros par an. C’est certes confortable. Mais c’est aussi après impôts. C’est-à-dire charges sociales, impôts, contributions exceptionnelles et surcotisation. Qui font que, en définitive, l’Etat touche sans doute plus de la retraite chapeau que le dirigeant concerné.
On comprend que certains ministres soient pressés de régler le dossier.

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