mardi 8 octobre 2013
La tentation de Brignoles
La tentation de Brignoles
Rien n’est plus hypocrite que la vraie-fausse diabolisation du FN par l’intelligentsia et le parti socialiste. Tout en extrémisant ce courant politique au niveau du discours, le PS ne cesse de lui tendre la main dans l’espoir d’anéantir l’opposition modérée et de s’assurer mille ans à la tête de la France. D’où la jubilation de M. Désir au vu des sondages selon lequel « le FN est en train de dévorer la droite ». Le FN se présente en réalité comme un objet politique non identifié, un courant attrape-tout destiné à rafler des voix (cfMon programme pour la France et les Français). Il est protectionniste avec sa taxe de 3% sur les importations, sans tenir compte de l’impact gigantesque pour les entreprises du surcoût des produits importés et des représailles évidentes sur les biens exportés par l’économie française. Il est socialiste quand il annonce son intention de créer « une tranche de 46% sur l’impôt sur le revenu » pour que « les foyers très aisés payent davantage », une « TVA majorée sur les produits de luxe », trois catégories d’impôts sur les sociétés pour financer « au deux tiers l’Etat et un tiers les collectivités territoriales », « sortir de la logique purement comptable » en matière de santé, « rétablir la retraite à 60 ans pour 40 ans de cotisations». Il est étatiste quand il annonce son intention de créer un « revenu parental équivalent à 80% du SMIC ». Evidemment, on n’a pas la moindre idée de la manière dont seront financées ces "belles" mesures, auxquelles s’ajoutent « la réouverture de toutes les lignes régionales de la SNCF et de la totalité des bureaux de poste ». Il est enfin écologiste puisque « à long terme, il est souhaitable de pouvoir sortir du nucléaire , mais sans la moindre option de remplacement. Le FN tire sa force électorale de l’exaspération des Français envers les forces politiques classiques, la faillite des socialistes au pouvoir et l’incapacité actuelle de l’opposition modérée, rongée par ses querelles nombrilistes, à incarner une alternative et à apporter des réponses crédibles sur l’Europe, le chômage, l’insécurité, l’immigration. L’esprit du FN, son programme, semblent par certains côtés s’inspirer du parti communiste d’avant 1980, profondément anti européen et ambigu sur immigration. Le ton agressif, sans nuance et vengeur est le même. Jamais le FN n’est allé aussi loin que le PCF dans ses réticences vis-à-vis des populations migrantes, ce dernier joignant les actes à la parole lors de la destruction au bulldozer d’un foyer de travailleurs maliens à Vitry le 24 décembre 1980. Le PCF qui atteignait alors des scores comparables à celui du FN aujourd’hui (15 à 20%), s’est effondré avec l’Union soviétique et le FN, d’une certaine manière, à repris sa place de parti protestataire. Nous n’avons bien entendu pas à juger nos compatriotes qui, comme à Brignoles, exaspérés et accablés par la situation de leur pays, placent leur espoir dans ce parti. Mais simplement, en toute simplicité, nous pouvons les renvoyer à une pensée de bon sens de Michel Montaigne : « Le bien ne succède pas nécessairement au mal ; un autre mal peut lui succéder, en pire. » (Essais , tome III, chapitre 9).
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