TOUT EST DIT

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jeudi 3 octobre 2013

"François Hollande, vous n'êtes entouré que de faux Néron!"


François Hollande subit les discordes au sein du gouvernement. Pour Hervé Karleskind, sous la plume de Madame de Sévigné, le président passe son temps à "éteindre des incendies" entre ses ministres. 
Sire, 
Vous ne manquerez pas vous moquer comme de la guigne des propos que vous daignerez lire, si l'on consent à porter cette lettre à votre connaissance
L'on vous décrit à présent comme irritable, parfois même porté sur la colère froide: ainsi que le disent les Allemands, vous semblez avoir le nez plein de toutes ces chamailleries en votre cabinet. Vous avez étonné vos sujets, comme d'ailleurs la cour, en tardant à tancer vos turbulents ministres. L'on attendait que la réunion du conseil du Roi les fît passer sous les fourches caudines. En vain. 
En vertu de votre alchimie politique si biscornue, vous les avez absouts. Ou presque. Au plus avez-vous fait de ce pauvre comte Ayrault, qui blanchit sous le harnois, un bouc émissaire au cuir tanné par les avanies que les membres de votre cabinet n'ont de cesse de lui faire subir. Vous aviez fait savoir que vous étiez cousu avec le comte de Nantes: depuis quelque temps, les coutures de cette amitié semblent se relâcher. Nourririez-vous quelque rancune à son égard pour avoir démenti vos agréables prédictions sur la baisse des impôts
Votre grand chambellan n'est guère choyé: aurait-il accepté cette charge s'il avait su combien elle était périlleuse et si peu gratifiante? Le voici comme maître d'école subissant les remontrances du Père abbé, débordé par la cohorte des problèmes qu'il doit résoudre, chahuté par des disciples aussi dissipés que possible: le comte Valls, sur qui les critiques glissentcomme l'eau sur les plumes du canard, n'a-t-il pas fait démentir avoir prononcé le mot de "maladresse" pour avoir souhaité que les romanichels fassent leurs malles. Le comte Ayrault compterait-il pour du beurre? 
Sire, s'il ne fallait encore ajouter cette mauvaise querelle allumée par Monsieur de Peillon, qui fait bien piètre ministre, à propos dutravail des élèves, votre coupe serait déjà bien pleine. Faut-il, Sire, vous prendre en pitié et brûler des cierges pour vous faire sortir de ce Styx? 
Serait-ce seulement possible? Daignez, Sire, quoiqu'il m'en coute, subir quelque critique, même si votre humeur est aujourd'hui plus vinaigre que vin. Vous n'êtes guère enclin, assure-t-on à la cour, à écouter qui que ce soit. Vos mages et maîtres à penser sont dans le désoeuvrement, désespérés de ne vous servir en rien. L'on rapporte encore que vous vous murez dans la solitude, que la porte de votre cabinet privé reste obstinément close. Le temps est lourd à la cour, comme si l'orage n'avait de cesse de gronder. L'on vous dépeint tenté d'écarter ministres et conseillers dont vous pensez pis que pendre. Souffrez que l'on vous rappelle, Sire, quevous les aviez nommés
Ah, les fats, les ingrats, les cuistres! Voyez-les qui vous ignorent le plus superbement du monde! Le comte Valls feint manger sa coiffe, la Mère Duflot qui a donné libre cours à sa bile, rase à présent les murs. Mais Monsieur de Peillon se voit décerner le bonnet d'âne. Sa réforme, pourtant enfantée pendant un an, se montre absurde et bien dispendieuse. Elle vous fâche avec les édiles à un moment aussi inopportun que possible. 
Se pourrait-il que vous passiez votre précieux temps à éteindre les incendies allumés par ceux qu'un sans-culotte, qui n'a pas eu l'honneur d'être de vos ministres, décrit comme des enfants gâtés? 
Il se trouve, Sire, que j'ai du être alitée pendant quelques semaines, ce dont vous n'avez cure et l'on ne peut vous le reprocher: vous avez tant d'autres chats à fouetter! Mais, durant cette période de repos forcé, il m'est venu à l'idée de relireSuétone. Ce grand auteur romain, infiniment plus talentueux que cette concierge de Sénèque ou cet obséquieux cafard de Cicéron, a écrit, ainsi que vous le savez, une Vie des douze Césars.  
Vous savez encore, Sire, que l'histoire est un facétieux valet de bouche qui ne dédaigne pas repasser les mêmes plats. Ainsi, évoquant la judicature de l'empereur Claude qui régna treize ans après la naissance du Christ, Suétone écrit: "Certains complots lui ayant été dénoncés, Claude fut tellement effrayé qu'il voulut abdiquer l'Empire. Comme on le sommait, par une lettre injurieuse, pleine d'insolentes menaces, de quitter l'Empire pour se consacrer aux loisirs de sa vie privée, il réunit les principaux personnages de l'Etat pour savoir s'il ne devait pas obéir". Et Suétone de poursuivre: "Peu de temps après, on publia un livre intitulé: La résurrection de la bêtise". 
Pour la petite histoire, Claude mourut empoisonné par Néron qu'il avait pourtant adopté. Pour votre grâce, Sire, vous ne risquez pas que l'on attente à votre vie: vous n'êtes entouré que de faux Néron. 

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