samedi 28 septembre 2013
Le grand chaos
Le grand chaos
Nous l’avions dit. Et ce n’était pas la peine d’être extralucide pour prédire l’innommable foutoir qui allait résulter de la mise en place de la semaine de quatre jours et demi voulue par Peillon. Fatigue des enfants, incompétence des animateurs, désorganisation de l’école, sécurité défaillante, après trois semaines d’expérimentation, le tableau est très noir. Effarant même.
« C’est le chaos, les enfants ont perdu tout repère », affirme dans Le Point un directeur d’école maternelle parisienne. « L’école a été complètement désorganisée par cette réforme. Je ne m’attendais pas à ce que le bazar soit si important. » Et voilà pour les beaux « experts en éducation » dont se réclamait Peillon qui prône « l’étalement de la scolarité sur la semaine ». C’est la réforme qui s’étale de tout son long aujourd’hui.
Devant les protestations des parents, les fédérations de parents d’élèves comme la PEEP, ont lancé un sondage. Le syndicat d’enseignants SNUIPP affirme que les premières remontées sont « alarmantes » :
« Trois semaines après la rentrée, la catastrophe annoncée a malheureusement lieu. (...) La mise en œuvre de la réforme a eu des répercussions catastrophiques notamment en maternelle : l’alternance de jours irréguliers et l’utilisation des classes pour l’apprentissage et le récréatif empêchent une structuration du temps et de l’espace chez les élèves. Cette arythmie scolaire a aussi des répercussions sur les élèves d’élémentaire qui sont plus fatigués, désorientés et inquiets dès qu’on évoque la sortie des classes. Cette réforme est mal organisée et les écoles se trouvent confrontées à des problèmes d’hygiène (...) et de sécurité. »
Il n’y a que le ministre de l’Éducation nationale qui est content : « Cette réforme est faite, d’ailleurs on le voit bien, uniquement dans l’intérêt des enfants. On voit que pour les adultes, c’est plus difficile », ose-t-il ironiser.
Et pourtant ce sont bien les enfants les premières victimes. Déjà épuisés après seulement un mois d’école et totalement perdus dans cette réorganisation aberrante.
« Les enfants ont perdu tout repère »
« Ils n’ont pas deux jours consécutifs semblables », témoigne un instituteur. « C’est un problème majeur, a fortiori pour les tout petits que sont les élèves de maternelle : ils ont besoin de régularité pour structurer leur temps. Et dire que l’un des principaux arguments des partisans de la réforme était de travailler le mercredi pour éviter une semaine trop saccadée. Quel échec ! »
« Les enfants ont perdu tout repère », explique encore le directeur de maternelle parisien : « le lundi, l’école se termine à 16 h 30, le mardi à 15 heures, le mercredi à 11 h 30… Ils ne savent pas s’ils retrouveront leur maîtresse après la récréation de l’après-midi, si c’est l’heure du goûter parce que les animateurs arrivent, les élèves de petite section découvrent parfois un animateur à la place de leur maîtresse en se réveillant de la sieste… Impossible pour eux de se projeter dans la journée : à quelle heure quitteront-ils l’école ? Resteront-ils avec les mêmes camarades tout au long de l’après-midi ? Certains sortent à 15 heures, d’autres à 16 h 30, voire à 17 h 30… Et le ballet se poursuit jusqu’à 18 h 15 ! C’est extrêmement anxiogène pour des petits âgés de 3 à 5 ans. Le temps passé en collectivité est plus important qu’avant… En tant que directeur d’école, je constate des faits objectifs : il y a davantage d’absentéisme et de maladies que l’année dernière à la même époque. La différence est si significative qu’il ne peut s’agir d’une simple coïncidence. »
Improvisation
Un certain nombre de parents se plaignent du manque de qualification des « Atsem », en maternelle. Ce personnel ordinairement chargé d’assister les professeurs des écoles dans leur classe, de nettoyer celle-ci et d’emmener les enfants aux toilettes, se trouve depuis la rentrée en charge de nombreux « ateliers périscolaires ». Parfois totalement fantaisistes. Les Atsem sont débordées et les personnels enseignants désorientés : ils ne sont pas entendus sur l’organisation des « ateliers » qui ne répondent à aucun plan sérieux, leur contenu étant très souvent improvisé.
« L’Atsem change de rôle dans la même journée. Les enfants ne savent plus quand se tourner vers elles. Doivent-ils aller la voir quand ils ont besoin d’aller aux toilettes, comme c’est le cas pendant la classe ? Ah non, plus maintenant, il est 15 heures passées, elles organisent un jeu. Mais, attention : le lendemain matin, si les enfants ne comprennent pas ce qu’il faut faire, c’est à la maîtresse qu’ils doivent cette fois s’adresser, car l’Atsem sera en train de ranger l’activité précédente. C’est le bazar absolu. Par ailleurs, toutes talentueuses qu’elles soient, les Atsem ne sont pas formées pour occuper les enfants : au mieux, elles les laissent libres de faire ce qu’ils souhaitent, au pire, elles jouent à la maîtresse en tentant de reproduire ce qu’elles ont vu le matin pendant la classe. »
Le président de l’UMP Jean-François Copé qui sent bien comment tourne le vent des municipales, vient carrément d’appeler les maires à « une grève de la réforme » des rythmes scolaires. Il a demandé au ministre de l’Education Vincent Peillon un report de la réforme, selon lui « intenable sur le plan financier, sauf à augmenter les impôts », prenant notamment l’exemple de la ville de Meaux (Seine-et-Marne) dont il est maire.
A la dernière rentrée 4 000 communes sont passées aux nouveaux rythmes Peillon. Toutes les autres (la France compte près de 37 000 communes) doivent théoriquement franchir le pas à la rentrée 2014. Ce merveilleux projet socialiste si réussi dans les faits, est en plus ruineux. Il représente en fonction des villes, entre 100 et 150 euros par enfant et par an supplémentaires à la charge des communes… Etonnez-vous que les impôts locaux explosent !
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