Mais ce n’est pas une avancée suffisante que d’avoir préféré au déni de la ministre Vert - affirmant que les « pratiques et les modes de vie » des Roms ne constituent pas un « dérangement pour leurs voisins » - l’expérience des élus locaux de gauche qui savent l’effet explosif du mépris consistant à entonner l’air du « vivre ensemble » et de « la lutte contre les préjugés » à des populations vivant près des camps de Roms, victimes de l’explosion de la délinquance ou empoisonnées par la fumée des câbles qui brûlent pour récupérer du cuivre.
Car la tragique errance des Roms entraine de logiques et réels désagréments et c’est à cette errance qu’il faut mettre fin : François Hollande ne doit pas seulement répondre à Cécile Duflot, mais à un personnage aussi délirant qu’elle mais beaucoup plus responsable : Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la Justice, qui vient d’accuser Manuel Valls d’ « électoralisme » (Viviane Reding fait partie de ces politiques hors sol qui ne conçoivent pas que l’on se soucie des électeurs) et lui rappeler que « la libre circulation comme la liberté de résider dans un autre pays sont des droits fondamentaux ».
Ce n’est donc pas seulement au sein de son gouvernement que François Hollande doit remettre les choses d’aplomb, mais à Bruxelles. La responsabilité de l’Union européenne dans la situation catastrophique des Roms est énorme. Si les occupations illégales de citoyens roumains et bulgares posent de plus en plus de problèmes dans la plupart des pays d’Europe de l’ouest, c’est avant tout le résultat d’une maladie bruxelloise bien connue : un fonctionnement juridique et abstrait qui pratique le déni des réalités aussi bien avant les prises de décisions qu’après, lors de leur application désastreuse. C’est la langue de Viviane Reding : un monde, imaginaire, en apesanteur fait de « droits », de « valeurs communes » et de « principes européens ». Elle laisse le concret aux Etats. Quelque chose ne tourne pas rond dans cette conception procédurale de la construction européenne – le primat donné aux principes sur l’efficacité politique – et la question des Roms en constitue un beau cas de figure.
Nombreux furent ceux qui alertèrent en effet Bruxelles avant qu’il ne soit question d’intégrer la Roumanie et la Bulgarie. Depuis longtemps, le sort malheureux des Roms est essentiellement un problème roumain mais l’Europe n’a même pas cherché à faire de sa résolution une des conditions de l’adhésion de la Roumanie. Il y avait dans ce pays plusieurs millions de Roms maltraités et discriminés, véritables sous-citoyens dans ces contrées pauvres, et leur accorder la libre circulation ne pouvait que les pousser à fuir leur malheur et entraîner leurs déplacements, lesquels déboucheraient sur plus de problèmes que de solutions.
Depuis 2007 ces craintes sont confirmées. Bruxelles estime avoir la conscience tranquille en précisant que le Fonds social européen a mis à la disposition de la Roumanie près de 20 milliards d’euros de 2007 à 2013 pour « l’insertion des groupes vulnérables », mais ne se préoccupe pas de savoir que la Roumanie ne s’en sert pas ou mal, préfèrent se débarrasser des Roms en les poussant à aller voir ailleurs. Etrangement, le sort des Roms chez eux semble moins préoccuper Viviane Reding que le sort des Roms en France…
Manuel Valls fait donc la bonne analyse en répétant que la situation catastrophique des Roms est de la responsabilité de Bruxelles et non pas de quelques communes françaises : « la majorité des Roms doit être reconduite à la frontière car il n'y a pas d'autre solution » : « c'est en Roumanie, et en Bulgarie dans une moindre mesure, que les projets d'insertion doivent être menés. L'intégration des quelque 20 000 Roms en France relève de la responsabilité de ces pays en lien avec l'Union européenne puisque ces pays bénéficient de fonds structurels ». Vivianne Redding se permet de remarquer qu’« il y a 50 milliards d'euros qui sont à disposition et qui ne sont pas utilisés ». « Je me demande pourquoi », ajoute-t-elle avec désinvolture. Elle devrait commencer par répondre à cette question qui la concerne avant de s’occuper de Manuel Valls. Bruxelles sait sanctionner les Etats coupables de déficit budgétaire, mais laisse faire ceux qui martyrisent leurs citoyens.
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