mercredi 25 septembre 2013
Excédées, des entreprises expédient à Hollande un panier de produits « made in France »
Les entreprises moyennes, « catastrophées par l'annonce d'une taxe sur l'EBE qui les toucherait de plein fouet », dénoncent un impôt anti-« made in France ». En signe de protestation, elles vont faire livrer au président de la République un panier rempli de leurs meilleurs produits… tous fabriqués en France.
Alors que le gouvernement envisage de créer une nouvelle taxe, calculée sur l'excédent brut d'exploitation (EBE), la panique monte chez les entreprises de taille intermédiaire (ETI), ces entreprises moyennes dont la France manque cruellement et qui font le succès de l'Allemagne. Prédisant une «catastrophe», l'Asmep-ETI, le syndicat des entreprises de taille intermédiaire, va faire porter mercredi à François Hollande, Jean-Marc Ayrault et plusieurs de leurs ministres… un panier de produits «made in France», mêlant cahiers Clairefontaine, fromages Bel, stylos Bic, produits de beauté Sisley, pinceaux Bricorama, chocolats Michel Cluizel, balle de tennis Babolat, herbes culinaires congelées Darégal, etc. Une manière de tirer la sonnette d'alarme et de montrer que «derrière le débat fiscal, il y a des gens, des produits, et que les mesures prises ne sont pas anodines», explique Philippe d'Ornano, le vice-président de l'organisation patronale. «Quel panier pourra-t-on faire en 2025 si l'on continue en ce sens?» fait-il mine de s'interroger. Avant de répondre, laconiquement, qu'«il risque d'être bien vide».
Si les PME (moins de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires) seront épargnées par cette nouvelle taxe, et que les géants du CAC 40, très internationalisés, pourront en partie s'y soustraire, les entreprises moyennes, qui produisent et emploient en France, donc ultra-dépendantes de la fiscalité, seront les premières touchées. Le gouvernement s'était pourtant engagé à les soutenir, pour porter l'investissement et les exportations. Taxer l'EBE conduit en effet à taxer amortissements et immobilisations, donc l'investissement. Or les entreprises de taille intermédiaire sont celles qui investissent le plus en France. «S'il était voté, ce serait un impôt anti-“made in France”, anti-investissement et anti-ETI», tonnePhilippe d'Ornano, rappelant que «les ETI forment pourtant le tissu industriel de nos provinces».
Sur le terrain, les chefs d'entreprise sont très inquiets. «S'il achète un terrain pour construire une usine, il sera taxé. S'il lance la construction d'une usine sur ce terrain, qu'il amortit son emprunt, il sera taxé sur ses emprunts. C'est totalement contraire à la volonté de lutter contre la désindustrialisation», explique encore Philippe d'Ornano. Quant aux salariés, ils seront doublement pénalisés. D'une part, parce que la mesure fait peser des menaces sur l'emploi. D'autre part, parce que le dispositif de participation des salariés aux bénéfices de l'entreprise sera touché. «Alors que la participation est un système qui fonctionne bien, il va une fois encore être mis à mal, car il sera concerné par la taxe sur l'EBE. C'est pénaliser un des rares dispositifs positifs et qui favorise la cohésion sociale dans l'entreprise», alerte Philippe d'Ornano.
Le gouvernement, qui pensait plaire aux patrons en remplaçant deux impôts (l'IFA et la C3S) par un seul, en est pour ses frais. «L'IFA était un impôt provisoire. Il devait donc s'arrêter. Le gouvernement doit simplement tenir parole. Le sujet n'est pas de vouloir remplacer des taxes par d'autres, mais d'alléger les charges qui pèsent sur les entreprises et qui nous empêchent d'être compétitifs face à nos voisins européens, sans même parler des concurrents asiatiques», explique Philippe d'Ornano.
Ce qui manque, selon les patrons d'entreprises moyennes, c'est un grand plan favorable à la réindustrialisation. Tous demandent au gouvernement de réduire réellement la dépense publique et de mettre en place pour les entreprises une fiscalité comparable à celle des autres pays européens. Et la «pause fiscale» décrétée par le gouvernement est loin de les rassurer: «C'est terriblement anxiogène! Une pause, cela signifie qu'on arrête provisoirement… avant de reprendre de plus belle. Impossible, avec ce manque de visibilité, de lancer des projets, d'investir, de recruter», déplore Philippe d'Ornano.
Pourtant, la France a des talents, des infrastructures de qualité, des personnels bien formés, une place de choix en Europe, de vrais savoir-faire… autant d'atouts qui devraient en faire un des pays les plus dynamiques du continent.
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