mercredi 3 juillet 2013
Peut-on dire que « tout est foutu ? »
Peut-on dire que « tout est foutu ? »
Parfois, nous avons un peu le sentiment d’être quelque part entre le 20 mai et le 14 juin 1940, en pleine débâcle militaire, quand le président du Conseil Paul Reynaud proclamait en vain : "Je crois au miracle car je crois en la France". Ou bien, avec le Général de Gaulle à Baden-Baden, un sinistre 29 mai 1968: "Tout est foutu, Massu!"désastre sont en effet réunis : une épouvantable catastrophe économique, une phénoménale impuissance politique, la tragédie du déchirement de la société française. Qui est responsable ? Une classe dirigeante qui depuis le début des années 1980, par aveuglement et instinct grégaire, a précipité le pays dans une double fuite en avant : la bruxellisation, c’est-à-dire le placement sous tutelle rigide des nations européennes et la suppression de leurs frontières au profit d’une grande ouverture et d’une fragmentation de la société. La dissidence a été peu à peu réduite à néant. Les grandes voix isolées et prophétiques se sont tues en particulier, en France, celles de Philippe Séguin, décédé après avoir été marginalisé, et de Jean-Pierre Chevènement, quasi-disparu. Toute contestation du processus s’est trouvée diabolisée et neutralisée par la création de puissants partis repoussoirs auxquels le système politico-médiatique renvoie toute velléité de contestation. Les rares voix lucides, dans ce pays, sont placées sous l’éteignoir médiatique : Nicolas Dupont Aignan, Jacques Myard, Thierry Mariani… Bref, tout paraît bloqué, verrouillé, cloisonné. « Garder espoir », n’est-ce qu’une formule de convenance, à laquelle plus personne ne croit ? On se dit, avec André Tardieu, que « rien de ce qui est humain n’est définitif » (pardon, je me souviens avec certitude l’avoir lu, mais je n’ai pas noté la référence), ou bien avec Napoléon, à Sainte Hélène « La force de l’inconnu est incommensurable » (Las Casas). Bref, il reste forcément de l’espoir, quelque part masqué derrière le caractère imprévisible, erratique de l’histoire, comme dans toutes les situations qui paraissent les plus désespérées, même s’il est impalpable, invisible aujourd’hui, sauf pour les naïfs ou les victimes de manipulation.
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