Accompagnés de leurs bêtes, des éleveurs manifestent aujourd'hui à Paris pour faire entendre leurs difficultés et partager leur expérience avec les Parisiens.
dimanche 23 juin 2013
10.000 agriculteurs en colère attendus à Paris
Mobilisés à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA), ils espèrent être 10.000 au moins, escortés de près de 700 animaux, pour que cette manifestation revendicative s'achève en fête joyeuse cet après-midi au "Village agricole" des Invalides, autour d'un champ de blé et de stands de dégustation. Mais ces réjouissances n'éclipseront pas la colère et le désespoir même des éleveurs dont le travail se trouve souvent mal rémunéré, parfois même sous le coût de production.
"Un effort immédiat sur les prix est impératif", réclament-ils. "Nous sommes confrontés à la logique de marchés dont les prix sont fixés à Chicago ou ailleurs et qui font du yoyo depuis 2007, du plus haut au plus bas", résume le président de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) Xavier Beulin, évoquant la fluctuation des cours des céréales et autres grandes cultures nécessaires à l'alimentation animale. "Mais personne dans ce pays ne supporte l'augmentation des prix des aliments", ajoute-t-il en visant surtout les grandes enseignes.
Louis Sommain élève 68 vaches laitières dans le Cambrésis (Nord) : "Cette année, j'ai perdu 60 euros par 1.000 litres de lait produit", confie-t-il. Le litre lui coute 42 centimes à produire, mais il le vend 33. La FNSEA a fait ses comptes pourtant : répercuter sur le prix en rayon 30 euros de charges supplémentaires sur 1.000 litres de lait se traduirait par un surcoût de 2 centimes par brique ou 1,3 centime sur 4 yaourts.
La situation est au moins aussi difficile pour le cochon. Or, revaloriser sa viande de 25 centimes par kg de carcasse acheté à l'éleveur couterait au consommateur 7 centimes sur une côte de porc. "La renégociation des prix n'est jamais au niveau", estime Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. "On a obtenu au mieux 12% alors qu'en un an le prix des protéines a pratiquement doublé".
"Le risque principal prévient-il, c'est l'abandon des élevages et la revégétalisation des campagnes", au profit des grandes cultures plus rémunératrices. Une menace bien réelle, confirme le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, qui juge le "processus extrêmement dangereux". Le ministre qui s'affirme "très mobilisé" sur le sujet entend d'ailleurs profiter de la négociation de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) pour l'après-2014, défendant "un rééquilibrage" des aides au profit de l'élevage.
Pour les JA, insiste son président François Thabuis, "le premier défi c'est le renouvellement des générations. Car s'installer aujourd'hui pour un jeune, c'est quasiment mission impossible". Or, la moitié des éleveurs bovins ont déjà plus de 50 ans. "Et nos partenaires en aval sont eux aussi dans une situation extrêmement difficile", reprend Xavier Beulin, citant les activités d'abattage, de découpe ou de transformation.
De son côté, la Confédération paysanne, syndicat minoritaire de l'agriculture, a écrit vendredi au président de la FNSEA (majoritaire) à coup de "Cher Xavier", lui affirmant que les choix de son syndicat "favorisent la disparition des éleveurs" et l'accusant de défendre un "système productiviste".
La révision de la loi de consommation, la LME qui régit les relations entre producteurs et distributeurs, leur apporte quelque espoir en prévoyant "une clause de renégociation". Les éleveurs demandent aussi qu'on allège les contraintes administratives trop pesantes et que cesse "toute surenchère réglementaire et fiscale" notamment en matière d'environnement. D'autant que les intempéries les ont souvent obligés cette saison à rentrer les bêtes quand les pâtures étaient inondées et que les foins n'ont pu être coupés. Ce qui alourdira d'autant leurs factures en fourrages.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire