y a quelques décennies, lorsque le communisme existait encore, les communistes adoraient traiter les socialistes de « radis », car disaient-ils, « ils sont rouges dehors et blancs dedans ». (Ils reprenaient là une attaque déjà utilisée contre les radicaux qui se terminait par « et toujours près de l’assiette au beurre ») C’était une manière de renvoyer les adeptes de Léon Blum à leur supposée « collaboration de classe », masquée par un vernis anticapitaliste. A regarder François Hollande, on doit hélas se rendre à l’évidence : l’image éculée, a toujours du vrai ! Souvenons-nous : lors de sa conférence de presse la semaine dernière, le même François Hollande, questionné au vu de ses positions réformistes et pro-européennes sur son orientation « sociale-démocrate » jouait encore sur les mots en répondant : « Je suis un socialiste au service de la France. » Une manière de dire : je suis rouge, regardez ma robe…
Le discours de Leipzig, assez court, fait apparaître une étrange relation entre les partis français et allemand. Comme si le premier reconnaissait au second, né effectivement près de cinquante années plus tôt que lui, une prééminence idéologique, une position de guide politique. Ainsi François Hollande se sent-il redevable envers les sociaux-démocrates allemands d’avoir apporté « la démocratie », « le progrès » et « le réalisme » dans son mouvement.
Le réalisme surtout ! Ainsi du congrès de Bad-Godesberg de 1959, lors duquel le parti allemand accepte l’économie sociale de marché, quand la SFIO, et même le PS acclameront la « rupture avec le capitalisme » jusque dans les années 80…
Mieux, ou pire, François Hollande s’est livré a un éloge particulier des réformes antisociales de l’ex-chancelier Gerhard Schröder : « Le progrès, c'est aussi de faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l'emploi, pour anticiper les mutations industrielles et c'est ce qu'a fait Gerhard Schröder ici en Allemagne et qui permet à votre pays d'être en avance sur d'autres », a fait valoir le président français.
Voici donc le débat intérieur français étrangement éclairé : faudra-t-il pour imiter Schröder faire chez nous les réformes Hartz ? Introduire le revenu à 1 euro par jour ? Réduire les indemnités de chômage à 12 mois ? Elargir le statut d’auto-entrepreneur ? Faire grossir le nombre de travailleurs pauvres ?
De retour dans l’Hexagone, il faudra bien que le président s’explique, et un peu plus précisément qu’avec cette phrase lapidaire : « Ces décisions ne sont pas faciles à prendre, elles peuvent faire surgir des controverses, mais rien ne se construit, rien de solide ne se bâtit en ignorant le réel. »
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