Dans quel camp est la peur? Alors que le troisième grand rassemblement contre le mariage pour tous remplit les rues parisiennes, et ce, en dépit de l’adoption de la loi Taubira et de sa validation par le Conseil Constitutionnel, les manifestants ne « lâchent rien ». Et les politiques non plus. Chacun campe ainsi dans son rôle - qu'il joue d'ailleurs fort bien – et qui, poussé, jusqu’à son point d’incandescence pourrait conduire à l'affrontement.
Mis à mal par les récents heurts au Trocadéro suite au sacre du PSG, puis par les débordements qui ont émaillé chacune des précédentes Manif pour tous, réunissant selon les organisateurs 1 million de personnes le 13 janvier et près d'un million et demi le 24 mars, le ministre de l'Intérieur a choisi, ces derniers jours, la meilleure défense : l'attaque.
Manuel Valls a donc conseillé « à tous ceux qui voulaient se rendre à cette manifestation de réfléchir, d'être prudents », en raison de « menaces » que font peser des « groupes d'extrême droite » et qui « ont prospéré dans le mouvement contre le mariage pour tous ». Vous avez peur ?
Jean Francois Copé non. Il n’a peur de rien le chef de l’UMP par autoproclamation. Sans attendre, il a dénoncé « les tentatives inacceptables de pression et d'intimidation » du ministre de l'intérieur pour tenter de décourager les opposants au mariage pour tous.
Contrairement à d'autres responsables de l'opposition, comme François Fillon, François Baroin ou encore Alain Juppé, le président de l’UMP ne désarme pas se rêvant en nouveau Bonaparte. Et à voir la détermination de ceux qui ont battu, aujourd’hui, le pavé, son pari est le bon, au moins à court terme.
Passons en revue ses troupes. Un flot de cheveux grisonnants, de bérets, de lunettes grossissantes frappe tout d'abord. Les « panthères grises » sont dans la rue.
A quelques mètres du cortège, une dame dont l'appareil auditif trahit l'âge peine à monter les escaliers. Elle fera à pied le kilomètre qui la sépare des Invalides, la préfecture ayant donné l'ordre de fermer les stations de métro situées aux alentours du point d'arrivée de la manifestation.
Plus loin, un grand père joue avec ses petites filles. Elles tournent autour de sa chaise roulante, à laquelle le vieillard a attelé sur le devant un guidon et un moteur. Beaucoup de corps chenus, courbés et tout à coup, comme une éclaircie générationnelle : la vingtaine flamboyante, lunettes roses bonbon sur le nez, des jeunes distribuent bracelets, pics, chapeaux et autres accessoires.
Entre les deux pôles, il semble seulement manquer à l’appel dans cette « grande famille française » qui défile comme un seul corps, une ou deux générations.
Et les slogans qui mènent cette (presque) vaillante troupe ? Certains sont empruntés aux pièces de théâtre de boulevard pour comités d’entreprise tels que « Hollande ta mère elle s'appelle pas Robert ». D’autres sont plus lyriques : « Nous sommes un flot humain se déversant sur les Invalides », voire prophétiques : « On est 1 million 600.000, bravo ! ».
Visiblement pas sur les poussettes, les cannes et autres déambulateurs qui prennent actuellement le goûter devant eux.
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