TOUT EST DIT

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mardi 28 mai 2013

France Télécom passe à l'Orange, certains syndicats voient rouge !

L'assemblée générale des actionnaires de l'opérateur historique votera ce mardi le changement de nom définitif en Orange. Si les esprits ont été largement préparés, certains en interne s'émeuvent (un peu) de ce cap symbolique.

Un symbole. Mardi, l'assemblée générale des actionnaires de France Télécom est appelée à voter sur le changement de dénomination sociale de l'opérateur historique en Orange, à compter du 1er juillet. « Effaçant définitivement le mot France jusque dans les listings de cotations boursières», s'émeuvent Sébastien Crozier et Hélène Marcy, du syndicat CFE-CGC Unsa, dans un message adressé aux actionnaires salariés. Au syndicat Sud PTT, on prépare déjà des animations qui accueilleront les actionnaires sur le parvis du Palais des Congrès de Paris mardi après-midi : un « die-in », une roue de l'infortune, un stand de chamboule-tout. Dans un tract, le syndicat considéré comme « le dernier repaire des opposants farouches au changement de nom », s'interroge : « la direction espère-t-elle ainsi faire oublier la crise sociale qui a secoué l'opérateur historique au moment où Didier Lombard revient sous les projecteurs des médias ?... Veut-elle redonner du lustre au cours de l'action dans un secteur secoué par un modèle économique en évolution ? »

Dimension de service public 
Le syndicat CFE-CGC Unsa n'est « pas particulièrement favorable » au changement de dénomination et a même essayé de proposer deux résolutions proposant un autre nom ! Rien de très original ni révolutionnaire : « France Télécom Orange » ou « Orange France Télécom », afin de maintenir la dimension de service public, d'entreprise française, d'acteur engagé dans l'aménagement numérique du territoire... Une proposition discutée au sein du fonds des actionnaires salariés (qui détient 4,6% du capital) mais qui n'a pas pu aboutir. « La direction a refusé : elle ne voulait pas d'émotion sur le changement de nom à l'assemblée générale » confie Sébastien Crozier, qui reconnaît qu'à titre personnel, à la direction de la nouvelle filiale Horizons, il travaille uniquement avec la marque Orange.
Prétexte, indifférence et « rebranding » 
Même chez Sud, Christian Pigeon concède que « l'on a apaisé nos craintes sur les statuts » et le changement de nom est « un peu un prétexte » pour parler des vrais enjeux que sont l'emploi, l'investissement et le dividende, des préoccupations partagées par toutes les organisations syndicales, plus d'un après l'arrivée tonitruante de Free Mobile. « On ne voit pas forcément l'intérêt de changer, puisque la marque c'est déjà Orange, sauf si l'employeur veut se soustraire à certaines obligations ou se déresponsabiliser dans le procès pour harcèlement moral » observe le délégué Sud. Marque initialement étrangère, créée en 1994 et rachetée au moment de l'acquisition à l'été 2000 de l'opérateur mobile britannique pour 39 milliards d'euros, Orange symbolisait encore il y a quelques années la période des folles années de croissance externe à tout crin qui avait précipité France Télécom au bord du gouffre. Depuis, la politique de « rebranding » et le temps ont fait leur œuvre. La direction de l'opérateur s'appuie sur un sondage interne réalisé par l'institut CSA auprès de 4.000 salariés en décembre dernier qui a conclu que « 83% des salariés ont un avis favorable ou indifférent au changement de marque.» En début d'année, la direction des ressources humaines « a fait comprendre aux partenaires sociaux qu'elle allait lancer les hostilités, si l'on peut dire, consciente qu'il y avait une fenêtre de tir » explique un représentant syndical. La transformation symbolique avait été envisagée plus tôt par Stéphane Richard, le PDG, qui avait cependant senti qu'il valait mieuxreporter.
Le maintien de l'Etat actionnaire, sujet plus sensible 
« Le nom n'est plus un sujet de clivage » affirme Laurent Riche, délégué syndical central de la CFDT. « La plupart des salariés ont compris qu'il y avait une stratégie industrielle, une mobilisation globale autour de la marque, dans un contexte économique difficile. » Pour Sébastien Crozier, dans une entreprise où 60% des salariés actifs ont le statut de fonctionnaire (sur un effectif d'environ 100.000 dans l'Hexagone), un certain clivage demeure sur le nom mais « il ne tient pas tant au statut qu'au métier, entre ceux qui sont face aux clients, et les "lignards", les employés des réseaux, des infrastructures, et à l'âge. » Le maintien de l'Etat au capital (premier actionnaire avec 27% dont la moitié via le Fonds stratégique d'investissement) est un sujet hautement plus sensible aujourd'hui aux yeux des syndicats. La CFE-CGC Unsa ne cache pas sa crainte d'une sortie partielle du FSI, par exemple la cession d'un bloc de 5% du capital, qui pourrait rapporter 1 milliard d'euros.
La "marque" France Télécom n'aura duré que 25 ans 
Mais il observe que « la marque France Télécom n'existe en réalité que depuis 1988 et n'aura pas duré très longtemps. » 25 ans. C'est en effet pour répondre à une directive européenne sur l'ouverture à la concurrence du secteur que la Direction générale des télécommunications a été rebaptisée ainsi le 1er janvier 1988 et ce n'est qu'en 1991 que l'entreprise est devenue exploitant autonome de droit public, avant d'être transformée en S.A en 1996, un an avant l'ouverture du capital.  «Aujourd'hui notre marque est classée à la 50e position des marques mondiales avec une valeur de 15,4 milliards de dollars selon le classement Millward Brown 2012 » fait valoir sur son site Internet l'opérateur aux 230 millions de clients dans 32 pays. 

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