TOUT EST DIT

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mercredi 13 février 2013

Retour de noces

Retour de noces


La majorité a eu raison de célébrer le mariage pour tous les couples, largement adopté, hier, par l'Assemblée : le retour de noces, en effet, pourrait être moins gai. Après une phase plutôt favorable, l'exécutif est confronté à un violent rappel aux réalités, surlignées de rouge par le président de la Cour des comptes.
En décidant d'intervenir au Mali, François Hollande avait fait preuve d'une réactivité adaptée aux circonstances et d'une autorité réclamée par les Français. L'amélioration du commerce extérieur, la conclusion d'accords sociaux importants et le chiffre inespéré du chômage en décembre ont même laissé croire à une éclaircie.
Le mariage gay, en dépit de la dureté de la confrontation, a permis de révéler, bientôt de corriger, des situations injustes. Des blessures, dit joliment Jean-Louis Borloo, dont le prix mérite le principe d'égalité. Il a aussi montré les dangers d'une logique qui supprimerait toute limite au droit à l'enfant. Au-delà du texte sur le mariage, il pose la question du rôle de la loi face aux pratiques interdites chez nous - les mères porteuses - mais qui nous concernent dès lors qu'elles existent ailleurs.
Sur le plan politique, ces quinze jours et nuits ont ressoudé une majorité perturbée par des choix économiques jugés trop libéraux. Ils ont aussi souligné l'absence, dans le débat, des ténors médiatiques de la droite. Que Frigide Barjot devienne le contre-pouvoir sociétal le plus visible traduit l'affaiblissement politique de la direction de l'UMP, dont la majorité ne va pas se plaindre.
Mise en garde
Pour le gouvernement, la séquence qui s'ouvre s'annonce pourtant moins rose. L'Europe, dont François Hollande prétendait faire le levier de la relance, ajoute une couche de rigueur. Le Président l'a presque annoncé hier : il faudra réviser la prévision de croissance.
Didier Migaud, le très respecté président socialiste de la Cour des comptes, a prévenu que l'objectif de retour au 3 % de déficit ne sera pas tenu. Pire, il démontre que le redressement dépend trop de l'impôt et que nombre d'économies découlent des réformes... Sarkozy !
De deux choses l'une : ou bien le gouvernement augmente encore les impôts, et c'est la compétitivité de la France que l'on étouffe, sa signature que l'on galvaude. Ou bien il réduit la dépense publique, ce qui signifie d'ores et déjà moins de dotations pour les collectivités, à un an des municipales. Moins d'argent pour les enseignants, par exemple, qui réclament une récompense pour s'adapter. Moins de moyens pour les entreprises en difficulté.
La réforme bancaire, dont l'examen a commencé hier, ne comblera pas les désespérances. Le projet visant à sauver de la liquidation les sites rentables soulèvera d'énormes problèmes d'application. Pour populaire qu'il soit, le projet contre le cumul des mandats ne va pas tenir le pays en haleine. L'effet Mali va s'estomper.
Les mises en garde de Manuel Valls l'illustrent : François Hollande, qui s'exprimera bientôt devant les Français, craint que les impatiences sociales ne dégénèrent. Le Premier ministre s'inquiète de la lenteur avec laquelle les amortisseurs sociaux, notamment les contrats d'avenir, se mettent en place. L'inversion du chômage, dans moins d'un an, ressemble de plus en plus à une promesse boomerang qui intéresse pourtant plus de Français que le mariage gay.

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