La CFDT a beau avoir un super secrétaire général tout neuf - j'avoue, j'aime bien Laurent Berger, que je connais depuis longtemps -, des propositions de réforme à vendre à la pelle, les faveurs de l'Élysée, le rôle d'arbitre dans la négociation à haut risque sur la sécurisation de l'emploi, de nouveaux logo et slogan "jus de crane" tendance seventies - dont beaucoup en interne se demandent combien leur recherche a bien pu coûter en ces temps de crise et d'économies -, elle aussi peut être prise en flagrant délit d'inexactitude, voire diront les mauvaises langues de délire de manipulation... Dans son "petit revendicatif" édition 2013, son kit pour l'action remis à tous ses militants lors de l'AG de mi-mandat de fin novembre et vendu pour la modique somme de 2,95 euros - qui ressemble à s'y méprendre aux "incollables CE1 de mon fils -, la centrale de Belleville a fait une boulette. Et de taille, pour qui se veut irréprochable.
Dans la page dédiée à l'emploi des jeunes, il est indiqué que "23% des 15/30 ans sont au chômage". Je n'ergote pas sur le chiffre (le taux est monté à 24,2% début décembre) ni sur la tranche d'âge (on parle généralement des 15/24 ans) mais sur l'assertion "sont au chômage". C'est tout simplement... faux ! Non, ce ne sont pas 23 ou 24,2% des 15-24 ans qui sont au chômage mais 23 ou 24,2% des jeunes actifs, c'est-à-dire effectivement sur le marché du travail. Si l'on prend tous les jeunes dans le collimateur, soit de la tranche d'âge (y compris les lycéens et étudiants), le taux de chômage tombe à 9,1%, en hausse de 1 point sur un an, si l'on en croit les données publiées le 6 décembre par l'Insee.
Les conclusions qu'on en tire sont du coup radicalement différentes. Dans un cas, cela veut dire tout simplement qu'un jeune sur quatre est au chômage. Dans l'autre, moins d'un sur dix. Ce qui change la perception que l'on a du problème et donc les mesures que l'on doit mettre en œuvre pour y remédier. Je ne cherche pas à minimiser le problème, réel, mais juste à le rapporter à ses bonnes proportions. Idem sur le nombre de seniors au chômage, que la CFDT chiffre à 950.000 dans son kit 2013 alors que l'Insee l'estime, dans sa dernière livraison pour les "50 ans et plus", à 533.000 seulement. Soit un delta, en trop, de près de 80%. Qui dit mieux ?
Au-delà de l'anecdote sur l'inexactitude de ces chiffres, le petit revendicatif 2013 de la CFDT est bien fait. Il s'agit de 16 fiches (pourquoi 16, et pas 15 ou 20, pour faire un compte rond ?) sur l'emploi des jeunes, des seniors, le pouvoir d'achat, la formation professionnelle, la santé, la retraite, le financement de la protection sociale ou la fiscalité. Avec, côté face, les chiffres clés (à manier donc avec des pincettes), le constat (plus sérieux) et les enjeux (incontestables). Et, côté face, les propositions de la centrale, claires, intéressantes et entendues comme il se doit au plus haut niveau au Château. Allez, joyeux Noël .
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