TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 7 janvier 2013

Déprime à la française

Déprime à la française


Sale temps pour le médicament. Après la pilule contraceptive qui a fait naître les pires craintes, c’est au tour du comprimé antidépresseur d’angoisser des experts. Comme en écho au drame du Mediator, et à d’autres, ces doutes bousculent l’approche thérapeutique en France. La passion de la prescription y est donnée pour dévorante. À croire que la santé passe, forcément, par l’ordonnance.
Flagrant dans les pathologies touchant au physique, le « réflexe gélule » s’est étendu aux maux de l’âme. Le terrain était favorable. Les consommations d’alcool et de cannabis témoignent d’un tropisme national pour les psychotropes, même ceux non pris en charge par la Sécurité sociale.
Le succès des « pilules du bonheur » profite aussi de mécanismes complexes, anciens. L’intrication des liens entre patient et médecin, la pression des laboratoires, un système de remboursement très protecteur ne sont pas pour rien dans l’addiction du pays à la chimie en général. Et aux substances psycho-actives en particulier.
Pour corser le tout, s’est développée une pensée qui ne légitime plus seulement mais impose un traitement pharmaceutique de toute plainte, qu’elle vise le corps ou l’esprit. Une médecine de la cause et de son remède moléculaire s’est installée. Du coup, la chaîne de soins s’est conformée à cette idée, sans que personne ne parvienne à siffler la fin de l’escalade.
L’antidote aux habitudes de consumérisme médical reste à trouver. Le problème n’est pas tant le médicament que ses usages banalisés et dans certains cas inappropriés. Avalons d’abord, on discutera ensuite. Voilà bien une curieuse conception des priorités. Parfois toxique, souvent coûteuse. L’étrange déprime à la française, dont parlent les spécialistes, désigne peut-être le spleen incurable des payeurs de l’assurance-maladie.

0 commentaires: