L'ancien président et son
conseiller-oracle-politologue préféré étaient tous les deux devant les
caméras mardi. Oh, pas au même endroit, bien sûr. L'un (Patrick Buisson,
la voix cassée comme jamais) était dans un studio d'Europe 1 au micro de Bruce Toussaint
; l'autre (Nicolas Sarkozy, la voix vigoureuse) au micro du Forum
mondial du sport à Doha. C'est un événement. Un double événement. Il
faut bien voir que ni Sarkozy ni son conseiller le plus influent ne
s'étaient exprimés publiquement depuis la défaite. Il est amusant qu'ils
fassent leur première intervention officielle le même jour. D'autant
plus que ce que Buisson a dit à la radio teinte d'une couleur très
politique la prestation de Sarkozy quelques heures plus tard. Le Sarkozy
ragaillardi dont on a vu les images sur le petit écran, celui qui a
soigneusement évité de poser les yeux sur son ex-épouse Cécilia,
présente à quelques mètres de lui, hé bien, ne vous y trompez pas : ce
Sarkozy-là n'est pas un conférencier barbu de trois jours ayant fait le
deuil de la politique, c'est au contraire l'homme qui discute avec
Buisson du fait d'être un "éventuel recours" - c'est ce que Buisson a
raconté.
En quoi est-ce une information ?
On aurait parié que Sarkozy songeait aux moyens de revenir au centre
du jeu politique, bien sûr, mais maintenant on le tient de la bouche du
grand manitou de Sarkozy - ce ne sont plus des spéculations
invérifiables -, et ça change tout. Ce n'est pas comme si Buisson ne
savait pas ce qu'il disait. Depuis sept ans qu'il conseille Sarkozy, les
très, très rares fois où il a consenti à s'exprimer, il a pesé chacun
de ses mots. Or, hier, il est allé loin. C'est bien simple : depuis la
défaite de Sarkozy, aucun de ses proches n'est allé aussi loin. Tous
(interlocuteurs, visiteurs ou amis de Sarkozy) jurent la main sur le
coeur que l'ancien président ne leur fait aucune confidence sur ses
intentions. Et ne voilà-t-il pas que Buisson affirme, en direct et en
esquissant un rictus souriant : "Oui, on en parle." Cette déclaration
survient quelques heures avant que Sarkozy n'arrive sur sa première
estrade publique depuis sept mois. Avant que Sarkozy ne parle de sport
l'air de rien, Buisson avait fait les sous-titres politiques.
Quel est l'état d'esprit de Sarkozy ?
Il est plus calme, mais le détachement, ce n'est pas maintenant. Il
veut se tenir prêt au cas où quelque chose se passerait. Les
"circonstances", comme dit Buisson. Il s'ennuie un peu. Sa capacité à
s'indigner est restée intacte. Il n'en revient pas, a-t-il dit à un ami,
de "l'indulgence des médias devant le mélange des genres" dans
l'affaire des lettres - vous savez, la lettre écrite par François
Hollande et celle écrite par Manuel Valls au tribunal de grande instance
de Paris pour soutenir l'assignation déposée par Valérie Trierweiler
contre les deux auteurs du livre La frondeuse. "Qu'aurait-on dit si c'était moi qui avais osé violer ainsi la séparation des pouvoirs !" peste Sarkozy. Il n'a pas tort.
mercredi 12 décembre 2012
Non, Sarkozy n'est pas un conférencier barbu !
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