Monsieur Depardieu,
Cher Gérard, Gégé,
Ainsi donc le très sinistre premier ministre de France vous trouve
« minable ». Son ministre du Travail, M. Sapin (qui n’est pas de Noël
celui-là), estime que vous avez commis un acte de « déchéance ». Le
mini-gaullien Nicolas Dupont-Aignant, dont le seul point commun avec le
grand Charles est de s’être présenté à l’élection présidentielle, vous
taxe carrément d’acte « similaire aux collabos pendant la seconde guerre
mondiale ». Sans compter ceux, dont j’ai heureusement oublié le nom,
qui vous trouvent « antipatriote ».
Mais qu’as-tu donc fait, cher Gérard, pour t’attirer ainsi les
foudres les plus abjectes de la prétendue intelligentsia gauchiste au
pouvoir en France ? Tu as dû commettre un bien grand crime pour que l’on
te compare ainsi aux vichystes ! Si j’en crois les articles de presse,
cette chasse à l’homme serait simplement provoquée par ta décision de
t’établir dans mon (encore) pays, le royaume de Belgique, pour « motif
fiscal ».
Cher Gégé (tu fais partie de la famille chez nous, donc sois indulgent avec ce ton familier), parlons franchement.
Ta filmographie est impressionnante : de « Inspecteur la bavure » à
« Astérix et Obélix », de « Cyrano de Bergerac » au « Comte de
Monte-Cristo », des « Valseuses » à « Germinal », de « Jean de
Florette » au « Placard », tu alternes le génie de la comédie, de la
tragédie, du polar et de l’Histoire. Le nombre record de spectateurs qui
ont vu tes films te vaut le titre d’acteur « bankable ». Tes
145 millions d’euros d’impôts payés en 45 ans en sont une preuve
éclatante : l’argent de tes films tu ne l’as pas volé, mais tu le dois
au public, principalement français et francophone, qui s’enorgueillit de
compter dans son patrimoine un des derniers monstres sacrés du cinéma.
Tiens, le public d’ailleurs que dit-il de cette affaire ?
Quel que soit le côté de la frontière où il se trouve, le public, dans
sa grande majorité, trouve que tu as raison de partir et que, de toutes
façons, tu es libre ! Le bon peuple est donc derrière toi Gégé !
Certes, tes nombreuses frasques – pisser n’importe où, tes séances de
« chat-bite », tes concours de flatulences avec le regretté Jean
Carmet, p.ex – ont un peu, bien que légèrement, terni ton image. Mais,
tu vois, Gégé, nous on t’aime car tu incarnes l’amour de la vie, du
terroir, de la franche camaraderie, l’amour de la Liberté !
Cher Gégé, tu fais bien de quitter non pas la France, celle de
Napoléon, de De Gaulle, des Lumières, de l’exception culturelle, des
Droits de l’Homme, mais bien cette France-ci : celle de la gauche
insultante, arrogante, liberticide, qui emmure vivants les créateurs,
les entrepreneurs, les artistes (qui votent massivement à gauche, à ne
rien y comprendre), toutes celles et tous ceux qui « se lèvent tôt,
travaillent dur et rentrent tard le soir » pour reprendre l’expression
bien connue désormais de l’ancien président Sarkozy.
Cher Gégé, ton gouvernement actuel non seulement est injurieux
vis-à-vis de ta personne, mais aussi vis-à-vis de la France elle-même,
de la Belgique et de l’Europe !
Cette France rose-verte qui appelle de ses vœux les immigrants pour
remplacer dans les urnes la classe populaire qu’elle a perdue depuis
longtemps, cette France-là n’accepte pas qu’un de ses éminents citoyens
puisse « renoncer » à sa nationalité française. Elle insulte ainsi la
Liberté pourtant chère à sa devise ancestrale !
Mais le gouvernement Ayrault ne se rend pas bien compte qu’en
s’offusquant ainsi qu’un Français veuille devenir belge, il insulte
également notre plat pays. La Belgique n’a jamais connu de taxation sur
les plus-values depuis sa création en 1830 et n’a donc rien fait pour
attirer les riches Français qui fuient bien légitimement la spoliation
légale (comment appeler autrement la confiscation de 85% de ses
revenus ?) ! Notre ministre des Affaires étrangères, un libéral
francophone, et ancien ministre des Finances pendant douze ans, l’a fort
opportunément rappelé ! La Belgique mérite plus de respect messieurs
les bobos parisiens !
Mais plus que tout, cette France-là est insultante vis-à-vis de
l’idée européenne. L’Europe se construit sur le rapprochement des
peuples. Une de ses libertés fondamentales est la liberté de circulation
et d’établissement. Ces propos littéralement poujadistes ne rapprochent
pas les peuples (belge et français en l’occurrence) et violent cette
sacro-sainte liberté de circulation et d’établissement du citoyen
européen Depardieu !
Cher Gégé, ancien directeur de cabinet ministériel, avocat et actuel
conseiller au ministère fédéral de la Sécurité sociale, je me mets à ton
entière disposition pour t’accompagner dans tes démarches !
Cher Monsieur Depardieu, cher Gérard, cher Gégé, la France, cette
France-là, ne te mérite pas. Bienvenue en Belgique ! En venant chez
nous, tu protèges peut-être tes intérêts financiers, mais quoi de plus
légitime ! Surtout, en venant chez nous, tu fais honneur à la vraie
France, à la Belgique et à l’Europe !
Merci Gégé !
dimanche 23 décembre 2012
Lettre ouverte d’un Belge à Gérard Depardieu
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