TOUT EST DIT

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dimanche 23 décembre 2012

Ramses III a été égorgé : comment travaillent les enquêteurs de l’Histoire ?


Si les archéologues ont pu montrer que le pharaon de la XXe dynastie de l'ancienne Égypte avait bien été assassiné lors d'une tentative de coup d'État menée par l'une de ses épouses, c'est notamment grâce aux nouvelles techniques d'analyse scientifique.

Plus de 3000 ans après sa mort, des scientifiques ont pu confirmer définitivement l’hypothèse qui assurait que Ramsès III avait été assassiné lors d’un coup d’Etat. Ces conclusions découlent de l’utilisation de nouvelles techniques d’analyse scientifique. Quelles sont ces nouvelles méthodes à la disposition des archéologues du XXIème siècle ?

Bruno Maureille : Ces nouvelles méthodes sont très nombreuses puisque l’archéologie bénéficie de l’avancée technologique de tous les champs disciplinaires comme par exemple les sciences de l’univers ou les sciences de l’imagerie.
Contrairement à ce que l’on peut croire, l’archéologie représente un ensemble de disciplines qui utilisent très généralement et très rapidement toute l’innovation technique. On peut notamment parler de l’application de l’imagerie médicale à la reconstitution des corps, des avancées dans la paléogénétique, des avancées dans les datations radionucléaires ou des possibilités que nous offrent maintenant les outils des sciences de l’univers dans la datation d’un grain de quartz dans un ensemble de sédiments.

En dehors de la « petite histoire » dans la grande histoire, ces nouvelles techniques peuvent-elles bouleverser profondément notre connaissance de l’humanité ? Quels nouveaux champs de recherches ouvrent-elles ?

Il va y avoir de grands changements, notamment en matière d’histoire du peuplement avec la paléogénomique qui va nous permettre de bien mieux comprendre ce qu’a été notre histoire passée en terme de groupes humains. Plus on va pouvoir remonter dans le temps, plus on découvrira que cette histoire peut être surprenante.
Pour d’autres champs disciplinaires, au niveau de l’évolution culturelle de l’homme, au niveau de la datation absolue, les outils de la biochimie ou de la physique nucléaire vont nous permettre d’avoir plus de précisions et de finesse dans nos analyses.Actuellement, on travaille en biochimie sur des éléments ténus qu’on est capable de détecter par exemple dans le tartre qui est déposé sur les dents et qui nous permettent de discuter de la capacité des hommes du passé à soigner les maladies. Toutes ces modifications seront très importantes dans le futur.

L’archéologie de terrain est-elle en train d’être remplacée par une archéologie de laboratoire ?

Non, l’archéologie reste une discipline qui s’intéresse aux vestiges du passé et ces vestiges proviennent naturellement de terrains enfouis. Le matériel qui sert à faire des recherches en archéologie sort nécessairement de terre. Par contre, comme il y a une technicité de plus en plus importante des équipements, il est possible qu'on assiste à l'émergence une archéologie de développement dans les laboratoires. Il va peut-être y avoir une catégorie d’ingénieurs, de techniciens, de chercheurs aussi, qui vont être plus liés à un environnement d’équipements. Mais cela ne veut pas dire que l'archéologie de laboratoire remplacera l'archéologie de terrain. Dans tous les cas, tout débute toujours avec le terrain.  

Existent-ils d'autres anecdotes de l’Histoire comme celle de l'assassinat de Ramsès III qui auraient été éclaircies grâce aux nouvelles technologies ?

Oui, et j’irai même jusqu’à la préhistoire. Les avancées en paléogénétique et paléogénomique, notre capacité à étudier le génome complet d’un homme de Neandertal, représentent une des plus belles découvertes scientifiques qui existent sur la terre à deux niveaux.
D’abord parce que cette découverte nous a permis de répondre à une question sur le statut spécifique de cet homme préhistorique. L’homme de Neandertal était capable de se métisser avec nos ancêtres ce qui veut dire qu’il fait partie de notre espèce.
Mais surtout, la capacité que l’on va avoir de comparer ce que nous sommes nous-mêmes à cet ancêtre vieux de quarante-mille ans va nous permettre de mieux comprendre ce que nous avons été et ce que nous sommes devenus actuellement. Cela va au-delà de l’anecdote, c’est du résultat scientifique de très haute importance. Des anecdotes, il y en a toujours à l’échelle de tous les sites qui contribuent à construire la petite et la grande histoire de l’archéologie.

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