jeudi 27 décembre 2012
Cauchemar des touristes, les incivilités mobilisent les autorités françaises
Arrogants, impolis, égocentriques: les Parisiens traînent une mauvaise réputation auprès des touristes - et des autres Français - obligeant les transports publics à lancer des campagnes pour tenter de restaurer le savoir-vivre et l'hospitalité dans la ville-lumière.
A Paris, tout commence à Roissy-Charles-de-Gaulle, classé en novembre 2011 comme le pire aéroport au monde sur un blog du site de la chaîne de télévision américaine CNN, non seulement pour les tunnels étouffants de son terminal 1 mais aussi pour l'"indifférence du personnel" à l'égard des passagers en transit.
Paris, l'une des villes-phare du tourisme mondial, dont l'image est associée à des produits éthérés comme le parfum, le champagne et la haute-couture, suscite de violentes désillusions chez les touristes qui découvrent la rudesse de ses habitants.
Un psychiatre japonais, installé sur les bords de Seine depuis 30 ans, a d'ailleurs diagnostiqué un "syndrome de Paris" qui frappe ses compatriotes confrontés aux rues sales, aux métros bondés et au regard vide des Parisiens.
"Ils arrivent avec une image décalée, après avoir lu beaucoup d'articles sur la France. Ils ne peuvent pas imaginer l'accueil agressif et indifférent. Ils éprouvent de la peur et des symptomes d'angoisse", dit-il à l'AFP, préfèrant garder l'anonymat pour ne pas être assailli de sollicitations médiatiques.
Les visiteurs ne sont pas les seuls à se plaindre des entorses au savoir-vivre.
Un mot s'est imposé dans le vocabulaire politique français: les "incivilités", à savoir ces petits gestes déplacés qui finissent par perturber l'ordre public: raconter sa vie à voix haute au téléphone, fumer où c'est interdit, mettre les pieds sur les banquettes, bousculer d'autres passants dans la rue sans s'excuser...
crachats, doigts d'honneur, insultes
"C'est un problème de société assez français", a récemment déclaré le PDG de la société nationale des chemins de fer (SNCF), Guillaume Pepy, qui a prévu de recruter avec l'aide de l'Etat une centaine de "médiateurs" pour lutter contre les incivilités à bord des trains.
"Ils devront rappeler que non, on ne fume pas dans le train, on ne met pas les pieds sur la banquette, on ne détériore pas le matériel parce que ce matériel c'est le vôtre", selon le patron de la SNCF.
Même constat du côté de la RATP, qui gère le réseau très dense des bus et des métros parisiens: 97% de ses utilisateurs interrogés déclarent avoir été témoins d'au moins une incivilité dans le mois écoulé - et 63% se sont déclarés parfois incivils.
"Les crachats, les doigts d'honneur et les insultes, c'est monnaie courante", témoigne Tarik Gouijjane, chauffeur de bus à Asnières-sur-Seine (ouest de Paris) et syndicaliste.
Le pire, selon lui, se déroule la nuit dans les bus "Noctiliens" qui ramènent chez eux les noctambules: "les gens boivent de l'alcool, fument des joints, mettent les pieds sur la banquette".
La RATP a lancé cet automne une campagne d'affichage sur le thème "qui échange un sourire voyage avec plaisir". Fin juin, des affiches comparaient les usagers à des animaux: la poule qui papote bruyamment au téléphone, le phacochère qui laisse ses déchets sur le siège voisin ou encore l'âne qui empêche la fermeture des portes.
"Je ne sais pas si ces campagnes peuvent avoir un effet, mais elles répondent à un besoin", analyse Dominique Picard, sociologue auteur du livre "Politesse, savoir-vivre et relations sociale" en 2007. "Tout le monde se plaint de la hausse des incivilités. Toutes les catégories sociales".
Face à ce problème de société, chacun a sa méthode. A Marciac (sud-ouest) l'été dernier, lors du célèbre festival de jazz, un cafetier, Patrick Laubignat, a instauré une taxe sur l'impolitesse: "un café" valait deux euros. "Un café, s'il vous plaît": le prix tombait à 1,80 euro.
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1 commentaires:
Bonjour, merci pour votre article ; je fais partie des français qui se mobilisent contre les incivilités. J'ai publié "les petites incivilités quotidiennes dans les transports en commun", qui sera suivi par "les petites incivilités quotidiennes sur la route". Le but est de tenter une démarche éducative de prise de conscience, au moins de certaines personnes. Malheureusement, les médias parlent toujours des initiatives des grands groupes mais jamais d'initiatives individuelles et donc, ne nous aident pas.
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