Loin, très loin, du barnum de l'UMP. Le conférencier international Nicolas Sarkozy
s'est envolé vendredi pour Shanghaï, où il a tenu une conférence sur
les relations entre l'Union européenne et la Chine. Il y a retrouvé ses
amis Gordon Brown et Gerhard Schröder, eux aussi invités par le même
consortium d'hommes d'affaires. Les trois anciens dirigeants ont dîné
ensemble samedi soir, et sans nul doute la conversation ne s'est pas
attardée sur les guérillas de l'UMP. Ce voyage intervenait après la comparution de l'ancien président devant le juge Gentil. Une comparution qui lui a permis de remporter une victoire puisqu'il n'a pas été mis en examen.
Mais cette heureuse parenthèse s'est vite refermée. Dès son retour ce lundi matin, Nicolas Sarkozy a été replongé dans le cauchemar d'une UMP en miettes.
Que faire pour l'ancien président de la République? Depuis le début de
cette crise, il ne veut surtout pas donner prise aux commentaires qui
laisseraient penser qu'il s'implique activement dans cette poudrière.
Vendredi, avant de partir pour la Chine, il a évoqué au téléphone le
sujet avec Alain Juppé, et reçu Jean-Pierre Raffarin, soutien de
Jean-François Copé. Dimanche, son entourage s'est borné à déclarer que
l'ancien chef de l'État «est favorable à toute initiative qui peut
permettre de régler la situation». «Il ne se mêle pas de la vie
politique nationale, mais il reste très attentif à ce qui se passe dans
sa famille politique», explique prudemment Brice Hortefeux, le président
de l'Association des amis de Sarkozy.
Le Front national en embuscade
L'échec de la médiation d'Alain Juppé fait monter la pression autour de Nicolas Sarkozy. «Je ne vois pas ce que nous pouvons faire, il est beaucoup trop tôt pour revenir dans le jeu», réagit d'emblée l'un de ses fidèles. Certes, mais l'ancien président de la République peut-il rester inerte face à ce cataclysme? «Nous n'avons pas l'intention de nous suicider collectivement pour les beaux yeux de Jean-François», s'inquiète un sarkozyste historique, pourtant proche de Copé. N'est-il pas temps que la figure tutélaire de la droite intervienne, après l'échec de la médiation proposée par Alain Juppé? «Il faut qu'il appelle solennellement Copé à accepter une nouvelle élection», plaide même un proche du président. Car, selon ce dernier, la bunkerisation de Copé ferait voler en éclats l'UMP et ouvrirait un boulevard à la France bleu Marine du FN dans les cinq ans à venir. «Autant un président du parti faible était un atout pour Sarkozy s'il décidait de revenir, autant un parti démembré devient un handicap», raisonne un proche.Mercredi, des sarkozystes comme Brice Hortefeux, qui ont voté pour Jean-François Copé, ont plaidé en faveur d'une nouvelle élection. Un instant, Copé a hésité. «Mais il n'était plus sûr d'être réélu. Il a préféré se barricader rue de Vaugirard», constate un témoin. «Copé considère qu'il a dix ans de moins que Fillon, et qu'il a le temps de revenir dans le jeu, le reste, il s'en fout», résume un ami des deux hommes, un brin désespéré.
De façon générale, les commentaires des proches de Sarkozy ne sont pas non plus tendres pour François Fillon: «il a prouvé son inaptitude électorale, même s'il y a eu triche», juge un intime. «En tant qu'ancien premier ministre, il n'a pas réussi à faire mieux qu'un peu plus de la moitié des militants du parti, c'est la preuve qu'il n'existe pas politiquement!»
À l'exception de Patrick Buisson et Henri Guaino, les jugements sont sévères sur Jean-François Copé: «Si Copé se maintient après ce qu'il a vécu, il ne laissera sa place à personne en 2017», redoute un ex-conseiller de Sarkozy. «Il est bon en campagne, mais il est de plus en plus antipathique et il n'a réussi qu'en se réclamant à fond de Sarkozy», continue ce très proche. «Et surtout, il va trop loin, il est en train de faire un putsch.»
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