Jusqu’où le PS et la gauche française vont-ils aller dans
cette voie qui ne mène nulle part et qui trompe les Français ? Quels
sont les mobiles des ténors socialistes ?
Que se passe-t-il à gauche en France, et plus particulièrement au
PS ? Si l’on se débarrasse du prêt à penser actuel qui nous dicte que la
gauche, c’est la lumière et l’altruisme, et que la droite, c’est
l’autoritarisme et le racisme, et si l’on considère simplement les
faits, on découvre une réalité assez surprenante.
Cela commence par F. Hollande et S. Royal qui, à l’approche des
élections présidentielles de 2007, se sont progressivement révélés sous
un angle assez peu reluisant en usant et en abusant de ce qui est devenu
depuis leur marque de fabrique : l’anathème, les critiques ad hominem,
l’ostracisation de leurs adversaires politiques, jusqu’à l’exclusion
même de leurs rivaux au sein de leur propre camp. On connaît la façon
dont S. Royal a géré sa région, en véritable potentat. On sait combien
F. Hollande distribue ses petites piques acérées et méchantes… Tous deux
sont progressivement devenus des politiciens borderline, avec
cette façon de toujours surfer à la limite de la diffamation derrière
une apparence d’homme et de femme « de gauche », forcément purs et épris
de morale.
Ce caractère quasi diffamatoire, clairement haineux et revanchard du discours des ténors de la gauche se cristallisa en une sorte de bouquet final avec un débat S. Royal-N. Sarkozy particulièrement navrant de la part de la candidate de gauche : celle-ci aura tenté par les moyens les plus sournois de venir à bout de son adversaire : mensonges, attaques personnelles de l’homme de droite sur des territoires symboliques (les pauvres, les handicapés, le social) que la candidate du PS s’était sans vergogne et depuis longtemps appropriés, surfant sur cette image providentielle de la gauche si savamment construite, si savamment entretenue… Plus révélateur encore, le soir même de sa défaite, la candidate malheureuse appellera, certes entre les lignes, au soulèvement dans la rue, un peu comme si le verdict des urnes n’était pas légitime dès lors que le vainqueur n’était pas de gauche.
Jeter de l’huile sur le feu d’une façon aussi inconsidérée n’était finalement qu’un prélude à ce qui se produisit ensuite pendant toute la durée du quinquennat de N. Sarkozy : la grande majorité des média s’investit comme un seul homme contre le Président honni avec pour unique objectif de le dégommer, quitte à l’empêcher de gouverner. Rien ne fut épargné à cet individu sans doute excité et maladroit mais tout de même courageux pour avoir osé et parfois même réussi à combattre certains blocages de notre pays. Avec un acharnement quotidien, et des moyens des plus douteux (l’affaire des SMS, ou la fausse déclaration d’un journaliste du NouvelObs pour ne citer que ces deux cas), les média se sont déchaînés contre lui et contre sa politique au point de ruiner ses chances d’une réélection.
Parallèlement à ce troisième tour d’une violence inouïe, on assista par chance à un acting out du PS qui en dit long sur son délabrement moral : l’élection en 2008 de son premier secrétaire dans des conditions sulfureuses, dignes d’une république bananière, avec les deux finalistes, M. Aubry et S. Royal, qui se sont mutuellement accusées d’avoir triché dans le dépouillement des voix, chacune accusant l’autre d’avoir manipulé à son avantage les scrutins dans son fief. Cette accusation était même reprise sur le site internet de S. Royal, « désir d’avenir » cette dernière ayant d’ailleurs un instant menacé de faire appel à la justice. En réponse, le clan de M. Aubry la menaça d’une plainte pour diffamation. Un spectacle affligeant mais ô combien salubre : le PS déballait enfin sur la table sa véritable essence, ses véritables valeurs. Mais autant la comparable saillie purulente qui oppose actuellement F. Fillon à J.-F Copé terrassera très certainement le parti de droite, autant l’affaire ne fit pas grand bruit dans les médias, pour les raisons que l’on sait : moins de quatre ans plus tard, un sondage révélait que 74% des journalistes français avaient voté pour F. Hollande à la présidentielle.
Cette élection présidentielle de 2012 fut justement l’occasion pour les ténors de la gauche de passer à la dimension supérieure, avec en particulier un numéro d’équilibriste remarquable de la part de F. Hollande, le candidat qui restera dans l’histoire pour avoir réussi la gageure de nier les problèmes du pays et de se faire élire en flattant le ressentiment et la jalousie anti-riches des français tout en capitalisant sans modération sur l’image exécrable de N. Sarkozy. La rhétorique de F. Hollande a atteint des sommets, sans cesse en train de salir ses opposants, sans cesse à promettre des promesses intenables compte tenu de l’état du pays, sans cesse à flatter l’ignorance économique et une certaine haine de classe bien françaises.
Six mois après ce tour de force dialectique d’une étonnante finesse, mais aussi d’un profond cynisme, on découvre un Président de la République française incapable d’imprimer un programme, et bien pire, incapable de quitter la posture de l’opposant : contre toute attente, F. Hollande, tout comme les ténors du PS, continuent de tirer à boulets rouges sur le précédent gouvernement, comme si les habits du pouvoir leurs étaient trop grand et horriblement inconfortables tellement leur impréparation voire leur inadaptation aux responsabilités les plus hautes sont dramatiques. À ce sujet, le congrès de Toulouse aura montré à qui veut bien le voir des tribuns affamés de vengeance, rancuniers et vindicatifs, remplis de morgue comme s’ils avaient oublié tout d’un coup qu’ils cumulaient tous les pouvoirs : gouvernement, parlement, sénat et médias. Sur l’estrade, le tout nouveau secrétaire du PS, H. Desir, dont l’élection fut encore une démonstration de démocratie comme le PS en a le secret, n’était pas en reste, et a montré combien il avait parfaitement le profil attendu.
Jusqu’où le PS va-t-il aller dans cette voie qui ne mène nulle part et qui trompe les électeurs ? Quels sont les mobiles de ces ténors socialistes ? D’où provient ce système de valeurs malsain dans lequel baigne une gauche française qui se gargarise de morale et d’équité mais qui montre du doigt les riches et les entrepreneurs, qui salit ses opposants et qui refuse d’admettre certaines réalités dérangeantes ? Et combien de temps encore des « intellectuels de gauche » vont-ils nous refaire l’article sur les risques de dérapages droitistes inhérents à la droite française (à l’instar de H. Weber récemment) comme si la France sortait de cinquante ans de dictature ? Ou encore présenter le libéralisme comme une catastrophe mondiale ?
Il y a clairement des personnalités sincères à gauche mais force est de constater que ce ne sont pas celles qui font le plus de bruit. Or, si l’on ne considère que les leaders du PS les plus présents et les plus audibles depuis disons une dizaine d’années, d’un point de vue psychanalytique ou symbolique, tout laisse à penser que la gauche française constitue une sorte de refuge pour des personnalités en butte avec le réel et qui veulent en découdre avec le Pouvoir et l’Argent, plus exactement avec l’Autorité en général, avec l’Establishment en particulier. Ainsi, à un moment donné, ces personnalités semblent avoir fait le choix d’une voie détournée pour prendre la place de ceux qui sont au pouvoir de façon naturelle. Elles se sont mises à emprunter les techniques qui collent au paradigme socialiste français : primauté du discours sur les faits, mépris de l’économie et des riches, rejet des événements encombrants, fuite dans le langage symbolique, anathémisation des contradicteurs, préférence pour la facilité des promesses doucereuses, appropriation des thèmes moraux et tiers-mondistes, fuite en avant dans le « progressisme »…
Pour avoir fait le choix de la face obscure de la politique, ces personnalités françaises (on ne trouve pas l’équivalent chez nos voisins) souffriraient-elles d’un complexe d’Œdipe mal résolu vis-à-vis de la société toute entière, de son pouvoir et de ses valeurs démocratiques ?
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