Les dirigeants des Vingt-Sept n'ont même pas cherché à jouer les prolongations. Dès hier après-midi, ils ont mis un terme au sommet consacré à l'établissement du budget européen pour 2014 à 2020, tant les désaccords entre eux étaient nombreux. Mais surtout, ne leur parlez pas pour autant d'échec. Ne leur dites surtout pas que l'Union a fourni une déplorable illustration des égoïsmes nationaux dans des discussions de « marchands de tapis ». Écoutez plutôt nos chefs d'État et de gouvernement clamer leur satisfaction. Angela Merkel, la chancelière allemande, s'est carrément félicitée d'un « état d'esprit très amical et constructif ». Et pour n'être point en reste, François Hollande, impuissant à imposer un compromis, a estimé que ce sommet « utile » constituait une étape.
Tous ont donc voulu donner du temps au temps (en espérant que ce soit de l'argent) en se donnant rendez-vous au début de l'année prochaine. En vérité, ils ont été nombreux à jouer la montre face à des échéances électorales à venir ou des difficultés intérieures. On pense en particulier à Angela Merkel et David Cameron qui ont constitué « l'axe Camerkel », se substituant au moteur franco-allemand, pour réclamer des coupes budgétaires drastiques.
Car ce que ce sommet a révélé, c'est la neutralisation des différentes positions en l'absence d'un leadership européen. Angela Merkel a plus recherché une alliance de circonstance avec Londres qu'avec Paris. La PAC (politique agricole commune) et les fonds de cohésion ont fait l'objet d'un tir groupé.
Dans ces conditions, l'échec était bel et bien programmé. Ce sommet, trop mal préparé par le président du Conseil européen Herman Van Rompu, ne pouvait que tourner au fiasco. D'ici à janvier 2013, les Vingt-Sept devront impérativement s'accorder sur une réévaluation et une redistribution des aides conciliant cohésion, solidarité et soutien à la croissance. Cela impliquera des révisions déchirantes. Et personne n'en fera… l'économie.
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