la France a un problème avec son armoire à pharmacie. Elle peine à y
faire le ménage. La moitié de notre pharmacopée s’apparenterait à de la
poudre de perlimpinpin, selon le Guide des 4 000 médicaments utiles,
inutiles ou dangereux qui vient de paraître.
Dans le même temps,
le pays présente une accoutumance à une poignée de spécialités. Les 50
médicaments les plus prescrits pèsent le tiers des ventes. Leurs
indications sont un diagnostic de notre société. Ils visent les systèmes
nerveux, cardiaque et digestif.
Entre remèdes d’antan et drogues
quotidiennes, la place manque pour le progrès. Moins de 4 % des ventes
relèvent d’une innovation. Difficulté à développer, financer, sécuriser
les produits de la recherche, peut-être.
Mais pas seulement. Le
vieux baclofène le prouve. Aucun laboratoire ne s’engage fortement pour
une molécule, même efficace, mais à faible marge. Des premiers essais
d’un médecin sur lui-même jusqu’à l’étude Bacloville, il aura ainsi
fallu sept ans. Autant de temps perdu, pour les patients enfermés dans
l’alcool. Comme pour la Sécu, qui a dû assumer dans l’intervalle
d’autres dépenses associées aux effets de cette dépendance.
Sur le
modèle du monde vivant, le système de soins français atteint une
complexité qui rend tout traitement délicat, parfois non dénué d’effets
secondaires. Le médicament en est une illustration. Les honoraires
médicaux une autre : certes, un accord sur les dépassements a été trouvé
hier, in extremis. Mais le psychodrame qui l’a accompagné n’est
sûrement pas de bon pronostic pour les futures négociations sur
l’assurance-maladie.
mercredi 24 octobre 2012
Dépendance française
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